SANITAIRE
Charbon symptomatique : la maladie fait son retour sur le plateau

Pauline De Deus
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Durant l'été, des mortalités inhabituelles de bovins ont été constatées sur le plateau ardéchois. Lundi 9 octobre, le GDS de l'Ardèche a organisé une réunion d'information à ce sujet, au Béage.

Charbon symptomatique :  la maladie fait son retour sur le plateau
Une cinquantaine d'éleveurs étaient présents à cette réunion d'information organisée par le GDS 07, lundi 9 octobre. ©AAA_PDeDeus

« À 100 mètres à la ronde, on a perdu cinq bêtes en l'espace de 48 heures », déplore un éleveur du plateau ardéchois. Au total, une trentaine de vaches seraient mortes brutalement cet été sur les communes du Béage, du Cros-de-Géorand, de Sagnes-et-Goudoulet ou encore des Estables. Pourtant, le diagnostic a mis un moment avant de se faire connaître. Sur les pâturages de montagne, certaines mortalités n'ont pas été immédiatement constatées par les éleveurs. D'autres n'ont pas pu faire les prélèvements dans les temps (dans les 24 heures après la mort de l'animal). Résultat : seuls quatre cadavres ont été analysés. Tous étaient atteint de charbon symptomatique. Cette maladie est due à une bactérie (clostridium chauvoei) présente dans le sol des années durant et particulièrement résistante. Si le charbon symptomatique est une pathologie connue de longue date, elle avait presque été oubliée ces dernières années. 

Quels symptômes ?

La mort d'une vache n'alerte pas immédiatement les éleveurs, mais quand plusieurs bêtes succombent, dans la même zone, à la même période, c'est l'inquiétude qui prend le dessus. Et c’est ce qui est arrivé cet été sur le plateau ardéchois. C’est pourquoi le GDS07 a décidé d’organiser ce point d’information, lundi 9 octobre. Dans le cas du charbon symptomatique, les symptômes peuvent être visibles avec des muscles gonflés et douloureux et, par la suite, des tissus nécrosés localement qui s’étendent. Pourtant, l’évolution de la maladie jusqu’à la mort de l’animal étant très rapide, les traitements sont inefficaces. Seule la vaccination préventive permet de s'assurer que le troupeau reste sain. Toutefois, si une mortalité est constatée, il est important d'évacuer le cadavre le plus tôt possible.

Pourquoi une telle résurgence ?

Le docteur vétérinaire Jean Issartial, qui exerce le métier de vétérinaire dans le secteur depuis 32 ans n'avait jamais vu une telle mortalité. Si les causes peuvent être multiples, Jean Issartial en relève trois potentielles. D'abord, la présence plus importante des rats-taupiers qui, en retournant la terre, peuvent faire remonter les bactéries. Ensuite, les conditions climatiques puisque cette maladie (qui a tendance à apparaître chez les bovins en été) est liée à la sécheresse : moins l'herbe est fournie, plus les vaches mangent à ras-du-sol, prenant le risque d'ingérer de la terre et ses bactéries, notamment le clostridium chauvoei responsable du charbon symptomatique. Enfin, les troupeaux pourraient aussi être moins résistant à cette maladie, contre laquelle les éleveurs ont perdu l'habitude de vacciner leurs animaux. « La bonne arme c'est la vaccination », martèle Jean Issartial. Il incite également les éleveurs à faire une surveillance de la mortalité en été et de déclarer toute mort subite à la DDeTSPP, même en cas de maladie non réglementée, comme c'est le cas du charbon symptomatique.

Pauline De Deus

Jean Issartial est vétérinaire au Monastier, en Haute-Loire, et il intervient notamment sur le plateau ardéchois. ©AAA_PDeDeus
PATHOLOGIES

Attention aux confusions !

Anthrax, charbon symptomatique, entérotoxémie... Ces trois maladies, mortelles pour les bovins, peuvent facilement être confondues, créant parfois des malentendus. 

  • L'anthrax, également appelé charbon bactéridien ou fièvre charbonneuse, est une maladie réglementée et suivie par les services vétérinaires car un animal peut transmettre cette maladie à l'homme. Toutefois, elle n'a jamais été signalé en Ardèche.
  • Le charbon symptomatique, lui, n'est pas transmissible à l'homme et n'est d'ailleurs pas une maladie contagieuse. Au contact de l'oxygène (air, eau), les bactéries ne peuvent survivre qu'à l'état de spore d'où le faible risque de contamination. Seul le transport de ces spores pourrait constituer un risque pour la contamination des sols.
  • Enfin l'entérotoxémie est également due à une bactérie mais cette dernière se développe surtout en cas de déséquilibre intestinal. Les symptômes sont liés au système digestif avec des coliques ou des diarrhée aiguë. Cette maladie n'est pas non plus contagieuse.

En cas de mortalité inhabituelle, il est toutefois nécessaire d'en informer le vétérinaire, qui pourra au besoin faire analyser des prélévements en laboratoire pour connaître la cause de la mort. Notez que pour toutes ces maladies, la solution la plus efficace reste la vaccination du troupeau.