ALÉAS CLIMATIQUES
Après la grêle, le gouvernement auprès des viticulteurs

Pauline De Deus
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Vendredi 8 juin, le ministre du Travail, l'Ardéchois Olivier Dussopt, est venu exprimer sa solidarité avec les agriculteurs impactés par la grêle.

Après la grêle, le gouvernement auprès des viticulteurs
Le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion a visité le domaine François Grenier pour évoquer la mise en œuvre de la réforme de l’assurance récolte et les enjeux du secteur viticole en matière de travail saisonnier. ©AAA_PDeDeus

« Ces dernières années, j’ai eu de la grêle tous les ans, mais jamais partout », témoigne François Grenier, vigneron à Champagne en nord Ardèche. Son point fort, un domaine de 30 hectares, reparti sur 110 parcelles situées à Champagne, Saint-Désirat, Andance et Saint-Étienne-de-Valoux. « Le morcellement devient un amortisseur », explique-t-il face au ministre du Travail. Lors du dernier épisode de grêle, le vendredi 25 août, au domaine François Grenier, environ 5 hectares de vigne ont été touchés avec une perte estimée à 20 %. « À condition que la météo tienne… S’il pleut, ça pourrait aller de 50 à 70 % de perte sur ces 5 ha », précise-t-il. L’assurance récolte, dans laquelle il a investi 30 000 € cette année (dont 60 % d’aide Pac), devrait pouvoir limiter la casse alors que le caveau du Domaine a été inauguré à l’automne dernier. « Je suis loin d’être le plus touché du secteur, précise-t-il. Mais psychologiquement, à quelques jours de la récolte, ce genre d’aléas met les viticulteurs à rude épreuve. »

Pour s’adapter, il faut des moyens humains

Face au changement climatique à l’œuvre et à la récurrence des intempéries, « est-ce qu’il faut y croire encore ? Est-ce qu’on continue à planter en zone sèche ? » À ces questions rhétoriques, François Grenier répond sans hésiter : « Je pense que oui. Le capital confiance est là, mais il nous faut trouver les solutions pour vivre avec, assure-t-il, déterminé. On est à l’aube de plein de réflexions qu’on doit mener sur le vignoble. Il faudra être capable de s’adapter, le plus vite possible, parfois même plusieurs fois au sein du même millésime… » Filets paragrêle, irrigation au goutte-à-goutte… Si plusieurs pistes techniques sont à explorer, le travail qu’implique le changement climatique est aussi lié à une autre problématique très actuelle : « Pour s’adapter, il faut aussi des moyens humains. »

À l’occasion de cette visite ministérielle, quelques jours avant le début des vendanges en Nord-Ardèche, les acteurs de la viticulture ont interpellé le ministre du Travail, Olivier Dussopt, sur le manque de main-d’œuvre, comme ils l’avaient déjà fait l’année passée. Une problématique évidemment connue par le gouvernement et qui doit être « accompagnée », a affirmé le ministre. « La semaine prochaine Pôle emploi et Action logement vont signer une convention pour aider les saisonniers à payer leurs logements. On travaille aussi avec Pôle emploi pour démarcher et faire connaître les métiers », a-t-il détaillé.

« On a besoin d’être aidé »

Au cours de cette discussion, François Grenier a aussi interrogé les pratiques de certains sous-traitants agricoles. « De plus en plus d’agriculteurs ont recours à la prestation de services, que ce soit pour les travaux agricoles, les traitements phytos… Mais quand on voit la difficulté qu’on a, dans nos exploitations, avec la gestion du personnel, on se demande comment font ces sociétés pour proposer de tels services avec autant de souplesse ?, s’interroge François Grenier. Et je ne parle même pas des prix pratiqués ! » Une question sur laquelle se penche le ministère, d’après Olivier Dussopt. « Pour que ça puisse exister, mais que ça soit aussi dans de bonnes conditions pour les salariés et les employeurs. »

Dans l’assemblée, la présidente de la FDSEA de l’Ardèche, Christel Cesana, a enfin pointé d’autres sujets de réflexion autour de l’emploi saisonnier : un besoin de facilitation des démarches pour les employeurs, et notamment les agriculteurs, mais aussi la question de l’emploi partagé, pour limiter la précarité des saisonniers en leur proposant un CDI réparti entre plusieurs employeurs sur différentes périodes de l’année. « Pour tout cela, on a besoin d’être aidé », a souligné la présidente de la FDSEA.

Pour ce qui est des vendanges 2023, elles n’attendront pas d’éventuelles solutions. En Nord-Ardèche, elles ont déjà commencé pour les blancs et les rouges devraient rapidement suivre. Comme partout, les bras manquent… Malgré tout, les viticulteurs s’organisent pour vendanger toutes leurs parcelles dans les temps.

P.D.-D.

François Grenier, vigneron à Champagne en Nord-Ardèche, et Olivier Dussopt. ©AAA_PDeDeus
L’apprentissage, pour répondre aux besoins du secteur agricole
Olivier Dussopt a rencontré une vingtaine d’apprentis inscrits dans des filières agricoles à Vivarais Formation. ©AAA_AL
APPRENTISSAGE

L’apprentissage, pour répondre aux besoins du secteur agricole

Après son passage dans un vignoble nord-ardéchois, le ministre du Travail s’est rendu à Tournon-sur-Rhône, dans les locaux de Vivarais Formation, pour échanger sur l’attractivité des métiers et de l’emploi agricoles par la voie de l’apprentissage.

Centre de formation professionnelle continue et apprentissage, Vivarais Formation propose des formations spécialisées en agriculture, viticulture, commerce des vins, santé et social. L’établissement rassemble 122 apprentis. Une voie de formation en plein boom ces dernières années. « Nous avons des jeunes qui sont en centre de formation un tiers du temps et qui réussissent mieux ! », ajoute le directeur de Vivarais Formation, Dominique Roche. Parmi eux, certains ont obtenu un bac général et ont fait le choix de l’apprentissage. C’est le cas de Matéo, apprentis en deuxième année de BTSA Technico Commercial en vins, bières et spiritueux, qui projette de devenir caviste. « J’ai commencé à travailler dans les vignes en tant que saisonniers, le travail en cave m’a passionné et la renommée du centre Vivarais Formation m’a attiré », retrace le jeune homme, qui ne regrette pas son choix. « À l’école on voit le théorique et en apprentissage le côté très technique et pratique. Il y a une bonne différence et en même temps on arrive à allier les deux. Puis il y a une paye qui permet de qualifier notre travail. »

« Une voie de formation et de recrutement excellente »

En visite dans l’établissement, vendredi 8 septembre, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a rappelé l’importance de répondre aux problématiques d’emploi rencontrées par le secteur agricole : recrutement de main-d’œuvre et de saisonniers, installation et renouvellement des générations, attractivité des métiers agricoles… Face à ces besoins, « toutes les modalités de formation sont possibles », rappelle le ministre. Ces dernières années, la voie de l’apprentissage est largement soutenue par le gouvernement. « Nous sommes convaincus que l’apprentissage est une voie de formation et de recrutement excellente, avec un très bon taux d’insertion dans l’emploi, bien meilleur que dans la plupart des autres filières, et avec la possibilité d’entrer assez tôt dans la vie active et de continuer à se former », poursuit Olivier Dussopt.

Prime au recrutement : une aide « décisive »

Le succès que rencontre l’apprentissage ces dernières années résulte en grande partie de l’application de la réforme de 2018 sur l’insertion professionnelle et des aides au recrutement pour les employeurs mises en place en 2020. Une prime de 5 000 ou 8 000 €, selon les cas, était octroyée aux employeurs depuis 2020, réévaluée à une aide unique de 6 000 € depuis le 1er janvier 2023. Cette aide est déterminante, témoignent de nombreux employeurs. « La prime a été décisive pour accueillir un apprenti, surtout quand c’est le premier », témoigne Nathalie Soboul, vigneronne à Vinezac. « Je suis passée par cette voie de formation, donc je sais ce qu’un apprenti fait en classe, peut faire en entreprise, mais ce n’est pas le cas de mes associés, donc c’est rassurant d’avoir cette prise en charge sur l’investissement de l’apprentissage. »

A.L.