UNE EXPLOITATION PRÈS DE CHEZ VOUS
Le Gaec d’Esperveyres, un élevage bovin tourné vers l’avenir

Mylène Coste
-

UNE EXPLOITATION PRÈS DE CHEZ VOUS / Il ne reste aujourd’hui que deux élevages de vaches laitières à Saint-Cirgues-en-Montagne… et le Gaec d’Esperveyres en fait partie ! À sa tête, Géraldine Martin, Sébastien Comte et Michel Mialon sont fiers de faire perdurer cette activité, ancrée dans l’histoire du plateau ardéchois.

Le Gaec d’Esperveyres, un élevage bovin tourné vers l’avenir
Sébastien Comte, Géraldine Martin et Michel Mialon sont associés au sein du Gaec d'Esperveyres, à Saint-Cirgues-en-Montagne.

C’est à Bondier, un petit paradis de verdure à 1200 m d’altitude, que Michel Mialon, Sébastien Comte et sa conjointe Géraldine Martin se sont installés en 2009. Ils ne sont pas partis de rien, mais ont repris la ferme d’André et Jean-Bernard Martin, qui n’est autre que le père de Géraldine. Créée en 1975, l’exploitation comptait un troupeau de vaches laitières, des chevaux de trait et quelques allaitantes. « Nous avons gardé tous les animaux, hormis les chevaux… Nous n’avons pas vraiment l’âme chevaline », précise Sébastien Comte.

Un élevage laitier complété par un troupeau d’allaitants

Avec 50 vaches laitières de race montbéliardes, l’élevage laitier constitue la principale activité du Gaec. « Toutes nos vaches sont inséminées, et nous sommes adhérents au programme de sélection Umotest, ainsi qu’à Adice (Conseil élevage). De leur côté, toutes les génisses sont génotypées », souligne Michel Mialon, qui s’occupe plus particulièrement du troupeau laitier. Le lait est livré à la laiterie Gérentes (Coucouron / Araules) : « C’est une entreprise locale qui nous garantit des prix corrects, supérieurs à ceux d’autres groupes laitiers plus importants », estime Sébastien Comte.

Un nouveau bâtiment a par ailleurs été installé en 2015 afin de gagner en confort, pour les animaux et ceux qui s’en occupent. Outre l'hébergement des animaux, ils permet de stocker le fourrage pour les six mois d'hiver. Un gros investissement conçu avec des charpentes adaptées à de gros cumuls de neige, même si les neiges se font moins fréquentes dernièrement.

Le Gaec compte également un troupeau de 35 allaitantes, principalement de race aubrac mais également quelques charolaises et limousines. Cette exploitation agricole participe au développement du programme aubrac sans corne d’Auriva, avec la coopérative XR Repro dont Géraldine est d’ailleurs administratrice. « Nous vendons les broutards à un maquignon du plateau et de temps en temps via la coopérative Sicarev, explique Sébastien Comte. Mais ces derniers temps, les prix sont catastrophiques. L’intérêt de l’atelier allaitant réside dans le fait de pouvoir valoriser les surfaces les plus éloignées de la ferme, malgré une faible rémunération ! »

Un équilibre ébranlé par les sécheresses successive

Le Gaec d’Esperveyres compte aujourd’hui près de 210 ha, dont 80 ha de près de fauche. « Nous ne faisons pas de céréales. Nos sols sont granitiques, séchants, et avec les sécheresses successives, nous achetons de plus en plus de fourrages à l’extérieur », indique Michel Mialon. Une situation problématique, notamment pour le troupeau laitier dont les besoins sont importants. « Nous complétons la ration avec du maïs enrubanné que nous achetons en Haute-Loire, mais il est certain que les bêtes restent beaucoup moins longtemps à l’herbe ces dernières années, indique Sébastien Comte. En 2019, nous avons dû affourager le troupeau dès le mois d’août, sans pour autant obtenir la reconnaissance en calamité agricole. On sent aussi que les sols sont affaiblis, les mottes ne parviennent plus à se reconstituer. » L’altitude et les sécheresses consécutives constituent un handicap, qui selon les éleveurs justifierait un classement en « Montagne sèche » au même titre que d’autres zones du département.

Une pullulation de campagnols difficile à maîtriser

Certainement liée à des hivers plus doux, une nouvelle difficulté s’ajoute au manque de fourrage : « La population de campagnols a explosé sur le territoire, ce qui est problématique pour la qualité du lait, provoquant des problèmes de butyriques, déplore Sébastien Comte. Malgré le piégeage, nous ne parvenons pas à en venir à bout. »

Autre sujet d’inquiétude : la réforme de la Pac et la redéfinition des mesures agroenvironnementales et climatiques (Maec). « Durant 10 ans, nous avons bénéficié des aides dans le cadre d’une Maec pour la préservation des zones humides, explique Michel Mialon. Mais les critères de ces Maec vont être redéfinis et pourraient prioriser d’autres aspects environnementaux, ce qui constituerait une perte pour nous. »

Une volonté de rester tourné vers l’avenir

Si les motifs d’inquiétude sont nombreux, le Gaec d’Esperveyres ne se laisse pas abattre pour autant. Bien que de nombreux élevages laitiers disparaissent, la demande de lait de montagne de qualité existe bel et bien. Quant à l’élevage bovin allaitant, il pourrait trouver de nouveaux débouchés avec la création prochaine d’une marque « Viande de la montagne ardéchoise », une démarche impulsée par la Chambre d’agriculture. Le projet rassemble déjà de nombreux éleveurs mais également des bouchers locaux, et pourrait apporter une meilleure valorisation à la viande de montagne.

Mylène Coste

À lire également

Le campagnol engendre des pertes colossales dans les prairies

Le Gaec a investi en 2015 dans un nouveau bâtiment moderne qui héberge le troupeau laitier mais également le stock fourrager pour l'hiver.