VITICULTURE

Cave de Tain : 90 ans et toujours prête à relever les défis

Claude Laÿs, la cave de Tain fête cette année ses 90 ans, preuve d’une belle notoriété. Que retenez-vous de cette dernière décennie ?

C. L. : « Il y a dix ans, nous avions lancé un gros volet d’investissements à hauteur de 10 millions d’euros, visant notamment à créer une nouvelle cuverie et une zone de stockage. Nous avons amorti l’ensemble de ces investissements en 2014. Depuis, nous avons lancé un deuxième programme d’investissements, déployé en quatre gros chantiers, pour un montant total de 15 millions d’euros. »

En quoi consistait ce nouveau programme d’investissements ?

C. L. : « Tout d’abord, nous avons créé la Villa Cave de Tain, un lieu notamment dédié aux bureaux de Terre de Syrah. Nous y avons également créé un espace de vente dans un esprit caviste, idéalement situé le long de la N7, au centre de la vallée de la gastronomie. Cet espace nous permet d’attirer une nouvelle clientèle et figure aujourd’hui comme un point stratégique au centre de Tain L’Hermitage. En parallèle, nous avons adapté nos capacités de réception de raisins (cheminement, cuveries, etc.) pour les vendanges 2022, et cela pour répondre à la montée en puissance du bio et affiner la qualité de nos vinifications. En effet, nous connaissons une croissance exponentielle dans ce secteur : en 2025, 30 % de nos volumes seront en agriculture biologique, soit plus de 300 ha en bio sur les 1 100 ha de notre vignoble. Nous avons aussi créé une extension de notre bâtiment pour augmenter nos capacités de stockage de matières sèches. Toujours dans un souci d’amélioration des conditions de travail, il est également prévu au premier semestre 2024 de changer la ligne de conditionnement, vieille de vingt ans, pour gagner en performance, précision et qualité. »

Un autre projet est en cours de finalisation. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C. L. : « En effet, nous avons imaginé la Villa Caroube, située en face de la cave au pied de la mythique colline de l’Hermitage, qui sera destinée aux activités œnotouristiques et à la formation grâce à l’école TerraRhona que nous avons créée autour du vin et des spiritueux. Dans ce bâtiment - qui sera inauguré prochainement - figure notamment une cuisine semi-professionnelle dans l’optique de proposer des événements “Accords mets & vins” avec des chefs cuisiniers. Ce projet, au même titre que les autres chantiers engagés, demande des investissements conséquents mais nous sommes persuadés qu’il est important de prendre ce virage de l’œnotourisme pour faire découvrir notre métier. »

Quels sont selon vous les principaux défis auxquels la cave de Tain est confrontée ?

C. L. : « Notre métier évolue et nous ressentons depuis quelques années une pression sociétale sur nos activités. Mais la cave de Tain sait répondre aux enjeux. Nous sommes par exemple inscrits dans la démarche Vignerons engagés depuis 2009. L’autre grand défi va être de s’adapter au dérèglement climatique : dates de vendanges plus précoces, sécheresse, canicule, etc. Cela passera obligatoirement par l’adaptation de nos cépages. Nous travaillons actuellement sur la technicité du vignoble : porte-greffes, clones, voiles d’ombrage, paillage au sol, etc. »

Quels sont les projets pour les dix prochaines années ?

C. L. : « La cave est très bien équipée pour nous permettre de faire des vins de qualité. Désormais, nous devons progresser sur la partie commerciale. Nous faisons partie des plus beaux vignobles du monde et nous avons la chance de travailler sur des crus mythiques. Grâce à nos 255 adhérents, nous avons accès à tous les terroirs. Nous avons les vignobles, le savoir-faire, le matériel. Nos vins sont reconnus. Maintenant, il faut les vendre et chercher de la valeur pour nos vignerons afin d’être dans un cercle vertueux. »

Du 16 au 18 juin, vous organisez un grand événement pour célébrer les 90 ans de la cave. À qui est-il destiné ?

C. L. : « Historiquement, nous fêtions les vendanges entre coopérateurs lors d’un week-end festif. Cette année, il a été décidé d’ouvrir cet événement au grand public, à nos clients, nos consommateurs, et de leur proposer un panel d’activités diverses et variées, accessibles à toutes les bourses. Ces animations rentrent complètement dans notre stratégie de développer notre ouverture au public, même si les 90 ans témoignent de la notoriété de la cave qui n’est plus à faire. »

Propos recueillis par Amandine Priolet

Plus d'infos sur www.cavedetain.com