TIRS DE DÉFENSE
« 200 chasseurs formés et mobilisables tout de suite »

Le Département de l’Ardèche, la chambre d’agriculture et la fédération des chasseurs mettent en place « une veille sur la présence du loup sur le territoire », destinée notamment à mobiliser des chasseurs pour suppléer les éleveurs dans le cadre des tirs de défense.

« 200 chasseurs formés et mobilisables tout de suite »
De gauche à droite : Benoit Claret, président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, Olivier Amrane, président du conseil départemental, et Jacques Aurange, président de la fédération des chasseurs.

« Le loup, c’est sans nous. » Par ce slogan, communiqué lundi 13 mai, le Département de l’Ardèche, la chambre d’agriculture et la fédération départementale des chasseurs entendent « passer un cap supplémentaire » et se mobiliser davantage pour soutenir les éleveurs ardéchois face aux risques de prédation sur leurs troupeaux. « Nous ne pouvons pas aider les agriculteurs et défendre le loup », martèle le président du conseil départemental Olivier Amrane, qui dénonce la position de l’État et toute démarche de cohabitation avec le grand canidé.

Des chasseurs mobilisés sur l’ensemble du département

La collectivité s’est engagée en partenariat avec la chambre d’agriculture et la fédération des chasseurs, pour mettre en place « une veille sur la présence du loup sur le territoire ». Au-delà de la mise à disposition de 10 pièges photos, cette démarche entend déployer rapidement 2 à 3 chasseurs sur les exploitations ayant obtenue une autorisation de tirs de défense (voir ci-contre) pour protéger leurs troupeaux de la prédation du loup. Maillant l’ensemble du département, il est annoncé près de « 200 chasseurs formés et mobilisables tout de suite » pour des tirs délégués, a précisé le président de la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche, Jacques Aurange. D’autres chasseurs devraient suivre des formations en juin pour augmenter cet effectif.

« Le loup devient une préoccupation permanente »

« La protection de nos élevages contre le loup devient une préoccupation permanente. On voit des attaques ciblées sur tout le département, qu’il soit installé ou pas, il est là, on doit se protéger », a expliqué le président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, Benoit Claret. Et « les dispositifs nationaux ne permettent pas de déployer des solutions à l’échelle locale », ajoute-t-il, évoquant les problématiques de la mise en place des tirs de défense par les éleveurs. Ces derniers sont souvent accaparés par leur travail d’exploitant agricole, ne disposent pas toujours de permis de chasse ou sont peu familiers avec l’utilisation d’une arme à feu, évoque le président de la chambre d’agriculture. « Il semblait évident de se rapprocher des acteurs de la chasse pour avoir une veille formée et qualifiée, mandatée pour les tirs de défense », a indiqué Benoit Claret. « L’idée est de mettre en œuvre avec beaucoup d’action et d’intelligence ce qui nous est permis dans le cadre du plan loup. »

« Nous risquons d’être impacté nous aussi au niveau de la faune sauvage »

La présence du grand canidé et les mesures de protection des troupeaux soutenues par le plan national loup ne rassurent pas non plus le monde de la chasse. « Nous risquons d’être impacté nous aussi au niveau de la faune sauvage », a souligné Jacques Aurange, craignant « une baisse des espèces chassables et des permis de chasse, un affaiblissement de la fédération ». Sur le terrain, « les modes de chasse sont en train de changer. Les battues finissent plus tôt, les chasseurs récupèrent vite leurs chiens, les animaux de la faune sauvage se regroupent, se déplacent par groupe et plus individuellement. » La présence de patous inquiète également, vis-à-vis des chasseurs et des chiens de chasse. « Il n’est pas possible que l’animal nous impose sa manière de faire. »

Dans le cadre de cette veille du loup, c’est la chambre d’agriculture qui établit le lien entre les éleveurs souhaitant être suppléés dans les tirs de défense et la fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche.

A.L.