ALIMENTATION
Des cantines qui font figure d'exception

Manger bio, local, sain et durable : c'est le menu des collégiens de la Drôme.

Des cantines qui font figure d'exception
L'an dernier, les cantines des 31 collèges de la Drôme (13 000 repas par jour) revendiquaient un taux d’approvisionnement moyen en produits bio de 48 %. ©F.Rey

Depuis le 1er janvier 2022, les menus servis par les restaurants collectifs du secteur public doivent comprendre au moins 50 % de produits durables et de qualité (AOP, IGP, label rouge…) dont 20 % de produits bio. Force est de constater que cette obligation1, qui résulte de la loi Égalim 1 votée en 2018, n'est toujours pas respectée. En effet, l'Agence bio révélait en septembre 2023, lors du salon Tech&Bio, que la part des produits bio dans la restauration collective publique atteignait péniblement les 7 % en 2022.

Dans ce contexte d'échec, la Drôme fait figure d'exception. En effet, l'an dernier, les cantines des trente-et-un collèges de la Drôme (13 000 repas par jour) revendiquaient un taux d’approvisionnement moyen en produits bio de 48 % ! Et le conseil départemental de la Drôme entend poursuivre sa politique de restauration en allant au-delà des obligations légales de la loi Égalim, avec un objectif d'ici 2028 de 50 % de produits bio et 30 % de produits locaux.

Une volonté politique

Comment expliquer une telle réussite ? Tout simplement le fruit d'une volonté politique initiée en 2012, concomitant à la création de la plateforme Agrilocal par le Département de la Drôme en partenariat avec la chambre d’agriculture. Celle-ci permet de faciliter la mise en relation entre les producteurs locaux et les cantines publiques. De plus, le Département de la Drôme est partenaire de l’association Agri Court, ceci dans le but de proposer le plus possible de produits locaux dans ses restaurants. Enfin, les chefs cuisiniers ont été amplement associés à la démarche. Aujourd'hui, la totalité des collèges publics drômois sont certifiés par le label « En cuisine » d’Ecocert. Ce label, qui comporte trois niveaux, reconnaît le travail des professionnels qui cuisinent des produits bio, locaux et faits maison pour les menus des restaurants scolaires, veillent à la qualité et l’équilibre nutritionnel des menus et assurent une gestion environnementale du site.

À noter, cette année, le prix du repas des collégiens de la Drôme est resté à 3,45 euros. Ce maintien du tarif a été voté par les élus du conseil départemental « malgré la hausse importante des coûts des denrées alimentaires ».

Santé et qualité de vie

« Nous avons en Drôme le potentiel pour permettre au plus grand nombre d’accéder à une alimentation saine et locale. À travers cette action sur l’alimentation, nous agissons sur la santé et la qualité de vie des Drômois », déclarait Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental, lors de la présentation de la stratégie « Manger drômois, manger mieux » adoptée au printemps 2023. Dotée d’un budget de 95 M€ (dont 90 M€ pour les cantines des collèges) pour la période 2023-2028, celle-ci a pour but de continuer à soutenir les entreprises agricoles et agroalimentaires dans leurs projets de développement autour des productions sous signes de qualité et des circuits courts ; faciliter l’accès des produits locaux et de qualité dans les commerces et lieux de restauration collective publique, en particulier les collèges ; favoriser l’emploi dans les filières agricoles, agroalimentaires et les métiers de bouche ; soutenir les projets qui donnent aux citoyens les moyens de choisir leur alimentation ; et sensibiliser au « bien manger» à tous les âges de la vie. Cette stratégie a reçu le label « projet alimentaire territorial » (PAT) du ministère de l’Agriculture.

Christophe Ledoux

1. La loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience a étendu cette obligation aux restaurants collectifs d'entreprises privées, au 1er janvier 2024.