POIS CHICHE
Gestion d’héliothis, un ravageur de plus en plus présent

À la faveur d’étés chauds et secs qui se répètent, l’héliothis entraîne de plus en plus régulièrement des dégâts dans les parcelles de pois chiche. Le Sud-Ouest et le Sud-Est sont les principaux bassins touchés à ce jour, mais le ravageur gagne du terrain.

Gestion d’héliothis, un ravageur de plus en plus présent
Les larves d’héliotis consomment particulièrement les graines en cours de remplissage. Elles restent cachées dans les gousses, à l’intérieur du couvert, et on note leur passage par les trous laissés sur celles-ci après leur passage.

L’héliothis ou noctuelle de la tomate, appartient à la famille des lépidoptères et touche de nombreuses espèces cultivées : légumes de plein champ (melon, tomate, haricots, etc.), maïs, sorgho, soja, etc. Il peut être très préjudiciable à la culture via son impact direct sur le potentiel de rendement mais aussi sur la qualité des graines. On considère que les dégâts peuvent atteindre 30 à 40 % de perte de rendement et peuvent même aller jusqu’à 90 % dans les situations les plus propices au ravageur.

Gestion du risque héliothis

La lutte repose sur le suivi des papillons et la détection des pics de vol, qui annonce de prochaines pontes. En effet, ce sont les larves qui s’alimentent des graines en formation. Le suivi du ravageur passe par le piégeage des papillons mâles via des pièges à phéromone de type Funnel. Le piégeage n’est qu’un indicateur du vol : il permet de détecter le début de vol, la cinétique et les pics. Ce n’est pas un outil de lutte contre le ravageur. Rappelons que l’entrée dans la phase de risque héliothis est atteinte lorsque les plantes atteignent le stade « premières gousses ». Le coeur de la phase de risque s’étend entre les stades « premières graines » et « remplissage des graines », la sortie de la phase de risque est atteinte lorsque l’on est au stade « première gousse mûre ». Dans la période de risque et lorsqu’un pic de vol est observé, il est conseillé de déclencher une protection (voir graphe 1). Attention, le ravageur étant polyphage, il se peut que, malgré le pic de vol et la culture dans la phase de risque (ex : stade premières graines), les pontes soient réalisées sur une autre culture plus attractive au moment du vol. On note deux à trois générations par an (mais il peut en avoir jusqu’à quatre). Généralement, il y a deux générations durant le cycle du pois chiche. Les jeunes larves, dites L1, L2, consomment surtout du feuillage, elles restent sur le haut du couvert et sont plus faciles à détecter. À ce stade, elles ne causent que peu de dégâts. Les larves L3, L4 consomment particulièrement les graines en cours de remplissage, elles sont donc dommageables à la culture. Elles restent cachées dans les gousses, à l’intérieur du couvert et on note leur passage par les trous laissés sur celles-ci après leur passage. La stratégie de lutte contre l’héliothis vise à atteindre les jeunes larves (L1, L2). L’efficacité des solutions disponibles sur les larves les plus développées (L3, L4) est moindre, il faut donc positionner la protection le plus tôt possible après les pontes. En l’absence de suivi des résistances des héliothis aux pyréthrinoïdes et sachant que ces résistances existent en France, on privilégiera les solutions Dipel DF ou Hélicovex lors des premiers passages. En effet, ces solutions assurent un bon niveau d’efficacité et évitent la pression de sélection en sélectionnant les individus déjà résistants. À noter que tous les produits disponibles sont sensibles au lessivage par les pluies. Le niveau de rémanence d’action est donc d’environ dix jours.

Quentin Lambert, référent pois chiche – Terres Inovia

Votre contact régional : Laura Cipolla, [email protected]
FILEG

Une dynamique multi-partenariale pour répondre aux enjeux de l’héliothis

Depuis début 2024, un groupe technique spécifique à l’héliothis a été créé à l’initiative du projet Fileg (Filière légumineuses à graines d’Occitanie – www.fileg.org) et ouvert sur tout le Sud-Ouest. Ce sont près de quinze partenaires qui se sont réunis pour travailler ensemble autour de cette thématique cruciale pour l’avenir de la filière. Deux axes ont été privilégiés : la connaissance du ravageur et la lutte. Le réseau de piégeages a été renforcé (meilleur maillage du territoire) et couplé à des suivis de larves et nuisibilité en fin de cycle. Dès 2025, des outils innovants pour le piégeage seront également testés. Côté lutte, des essais sont mis en place pour affiner la stratégie (programme et positionnement). Enfin des essais de luttes alternatives seront également mis en place. Les résultats de cette initiative seront diffusés à l’ensemble des secteurs concernés par héliothis.

Dérogation Altacor de 120 jours

Afin de répondre aux enjeux de la lutte contre le principal ravageur de la culture, une demande de dérogation de 120 jours (art 53 REG 1107/2009) déposée auprès du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire par Terres Inovia en accord avec FMC a reçu un avis favorable. La spécialité commerciale Altacor (AMM 2100122, FMC) bénéficie d’un usage dérogatoire pour la campagne 2024, du 15 avril au 13 août 2024 pour le pois chiche au sein de l’usage légumineuses potagères (sèches)*Trt Part.Aer. *Chenilles phytophages (uniquement pois chiche). Altacor est composé de chlorantraniliprole (350 g/kg) et est autorisé à la dose maximale d’emploi de 0,07 kg/ha des stades BBCH40 à BBCH89 en une application maximum (délai de rentrée : 6 heures et délai avant récolte : 14 jours).

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