ENVIRONNEMENT
Sus au frelon asiatique

Jean-Marc Emprin
-

Le piégeage des frelons asiatiques et surtout des fondatrices bat son plein. La FRGDS Auvergne-Rhône-Alpes revient sur les actions collectives possibles.

Sus au frelon asiatique
« La période de piégeage démarre à partir de février, mais surtout dès que l'on connaît au moins trois jours consécutifs à plus de 12 °C », indique le FRGDS. ©Pixabay

2021 a représenté une année de répit. Un coup de chance dans la lutte inlassable à mener contre le frelon asiatique. Au cours d'une visioconférence régionale organisée le 10 avril, Alexandre Houzé et Adeline Alexandre, membres de la fédération régionale des groupements de défense sanitaire (FRGDS), ont fait le point sur cet insecte envahissant.

De 33 à 2983 nids dans la région

« De 33 nids repérés en 2014, nous avons atteint le chiffre de 2 983 en 2021 », indique Alexandre Houzé. Un programme de lutte et de surveillance est en place depuis les premiers signalements. Ses effets et l'année plutôt fraîche et pluvieuse connue en 2021 ont permis de ralentir la progression de l'envahisseur. « Sans mauvaises conditions pour son développement en 2021, nous aurions connu une véritable explosion », craint le technicien régional. L’exercice 2022 devrait donc appeler à une grande vigilance de tous.

C'est pour cette raison qu'un plan de piégeage destiné à faire avancer les connaissances est en place depuis le mois de mars. « L'objectif de cette action est d'évaluer le piégeage de printemps, de quantifier ses conséquences sur le développement des populations et la pression qu'elles exercent sur les apiculteurs », explique Adeline Alexandre, vétérinaire de la section apicole de la FRGDS. « Nous pensions qu'une fondatrice piégée, c'était un nid en moins au cours de la saison. Cette analyse n'est peut-être pas aussi vraie car il y a des concurrences entre les fondatrices et elles peuvent s'éliminer en début de saison. »

Deux périodes

Le développement d'une colonie court sur une année avec des gynes (fondatrices non fécondées) qui ressortent des abris hivernaux en février-mars. Une fois fécondées, elles commencent à construire, seules, un nid primaire et à pondre une première population de frelons. Une période durant laquelle elles ont besoin de sucre et n'ont donc aucun impact sur les colonies d'abeilles. Quand les frelons deviennent suffisamment nombreux, un nid secondaire est construit par la colonie, la fondatrice se cantonnant alors à son rôle de reproduction. C'est à ce moment-là que des prélèvements carnivores sur les colonies d'abeilles commencent à se produire, afin de nourrir les larves et l'ensemble de la colonie. La première période est donc la plus propice pour la limitation du développement de colonies de frelons, entre mars et mai, par des piégeages de fondatrices. La lutte doit perdurer avec le repérage des nids jusqu'à la fin de l'automne, les futures fondatrices quittant les nids avant l'hiver. Toute destruction de nid limite de façon importante cet essaimage. « En Auvergne-Rhône-Alpes, les colonies peuvent être signalées sur la plateforme internet www.frelonsasiatiques.fr », explique Alexandre Houzé, coordinateur de la surveillance. « Si la reconnaissance du nid n'est pas certaine, un référent local est envoyé. Le cas échéant, il y a intervention d'un désinsectiseur, à condition qu'une convention existe avec l'intercommunalité locale et que des financements soient encore possibles. L'action bénéficie du soutien du conseil régional. »

Le long des rivières

Géographiquement, la majorité des nids sont présents le long des cours d'eau, dans la vallée du Rhône, près des principales rivières comme l’Isère et la Saône et de plusieurs de leurs affluents. « Les colonies ont besoin de beaucoup d'eau pour leur développement », indique Alexandre Houzé. L'an dernier, « la saison froide a limité les développements avant l'été, tant en taille qu'en nombre, mais il y a eu un phénomène de rattrapage au cours de l'automne. Le nombre de nids signalés et détruits a suivi la même courbe », explique-t-il. « La période de piégeage démarre à partir de février, mais surtout dès que l'on connaît au moins trois jours consécutifs à plus de 12 °C. En revanche après le 15 mai, on doit s'arrêter parce que l'on piège des ouvrières et surtout d'autres insectes. On doit même s'arrêter avant si la sélectivité diminue », indique Adeline Alexandre. Car aujourd’hui, il n’existe aucun piège sélectif sur le marché. « La population entomophone décline depuis plusieurs années, il faut éviter d'accentuer le phénomène », alerte la vétérinaire. Les pièges « bouteilles » sont à bannir, indique-t-elle, car pas du tout sélectifs. Les deux techniciens conseillent plutôt « des pièges achetés ou fabriqués avec une grille d'entrée conique de 8 mm de diamètre et de 6 mm en sortie afin de laisser entrer les frelons asiatiques sans les laisser ressortir. » Sur les côtés, des aérations avec des grilles à reine permettent aux abeilles piégées de ressortir sans difficulté. En termes d'appâts, les deux experts préconisent « un tiers de bière, un tiers de sirop de fruits rouges et un tiers de vin ». Le mélange sucré attire les frelons mais le vin repousse les abeilles.

Pour plus de renseignements, rendez-vous sur www.frelonsasiatiques.fr.