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Le Fin Gras du Mézenc, une AOP qui bouge

L'association des éleveurs Fin Gras du Mézenc a fait le bilan de la saison 2023 et présenté les projets à venir, lors de son assemblée générale, lundi 16 octobre au Béage.

Le Fin Gras du Mézenc, une AOP qui bouge
Autour de son président Bernard Bonnefoy, le bureau de l'association a mis à l'honneur deux de ses membres particulièrement actifs : Etienne Exbrayat et René Loubet. ©HLP

Le Fin Gras du Mézenc a toujours le vent en poupe ! C’est ce qui ressort des travaux de l’assemblée générale de l’association des éleveurs de Fin Gras du Mézenc, qui s’est tenue lundi 16 octobre au Béage. Preuve de ce dynamisme, si le nombre d'éleveurs engagés reste constant cette saison, avec une centaine de fermes, on note parmi les bouchers 8 nouveaux arrivants et 9 qui ont reconduit leur engagement, soit un total de 144 bouchers adhérents. De même 4 nouveaux restaurateurs ont rejoint l'association, qui en compte désormais 39 à servir du Fin Gras du Mézenc à leurs tables.

Pour la première fois, le nombre d'animaux commercialisés sous AOP sur la saison a connu une baisse de 60 têtes, soit 1 190 présentés à l'abattoir et vendus entre février et juin 2023. Au total, 1 259 animaux ont été présentés à la notation en vif, 177 n'ont pas passé la phase de tri avant l'agrément définitif, 63 n'ont pas été abattus cette année et 6 carcasses n'ont pas été classées. Des ratios habituels. Cette « légère baisse du nombre de bêtes commercialisées sous l'AOP fait écho à la conjoncture nationale avec un repli du nombre d'abattage depuis fin 2022 », selon le président, Bernard Bonnefoy.

Les animaux Fin Gras du Mézenc affichent toujours un profil de haute qualité. Selon la grille de notation spécifique à l’AOP, 83% des animaux sont classés F en développement musculaire, 53% des animaux classés G en état d'engraissement (environ 40% en F) et 76% en F pour la présentation générale. La commercialisation se fait en majorité par les grossistes puis les bouchers, dont la part a augmenté cette année de 6%. La vente directe représente moins de 5 % des ventes. La moyenne des prix de vente des animaux (prix payé à l'éleveur) est de 6,66 €/kg de carcasse (contre 6,12€ en 2022 et 5,94€ en 2021). Près de 92 % des animaux ont été vendus à un prix supérieur à 6 €/kg de carcasse, dont 32% à plus de 6,7 €.

Du neuf à Chaudeyrolles

Les chiffres l'attestent, le Fin Gras du Mézenc se porte bien, son réseau de distribution s'agrandit, ses éleveurs sont fidèles et les prix de vente continuent à progresser. Mais l'association, à l’instar de son président Bernard Bonnefoy, ne compte pas pour autant s'endormir. Elle a de nombreux projets pour continuer à promouvoir ce mode d'élevage, cette viande d'exception et plus largement ce territoire du plateau du Mézenc qui s'étale entre Haute-Loire et Ardèche.

Un chantier est en cours à Chaudeyrolles avec la rénovation de la Maison du Fin Gras. Quinze ans après leur création, le musée et sa boutique vont bénéficier d'un relooking complet : « C'est l'occasion de repenser entièrement l'organisation du bâtiment afin de prendre en compte ses multiples fonctions comme véritable lieu de vie de l'AOP sous tous ses aspects », a expliqué Solène Tsitos, en charge de la communication et la promotion au sein de l'association. Ce projet, dont les travaux vont débuter prochainement, est porté par l'association, avec des financements du programme Leader Pays du Velay et de la Région via le Parc naturel régional (PNR) des Monts d'Ardèche. La communauté de communes Mézenc-Meygal, propriétaire des locaux, s'est engagée aux côtés de l'association, ainsi que la commune de Chaudeyrolles. Le PNR des Monts d'Ardèche a pris en charge la réalisation du film qui animera la nouvelle exposition. La réouverture de la Maison du Fin Gras est prévue pour juin 2024 pour la prochaine saison touristique.

Toujours dans l'objectif de promouvoir l'AOP et son territoire, l'association s'est dotée d'une nouvelle identité visuelle « sobre, intemporelle, cohérente et homogène qui capte l'attention sur tous les supports de communication », d’un nouveau site web et d'une nouvelle publicité.

La fête 2024 à Présailles

Dans son rapport d'activité, l'association est revenue sur les grands rendez-vous de l'année entre les acteurs du Fin Gras du Mézenc et le public. Parmi eux, les visites de fermes, foires ou fêtes, les salons en Ardèche ou à Paris, la journée de lancement ou encore la traditionnelle fête de fin de saison qui a eu lieu en 2023 au Lac d'Issarlès et qui a remporté un vrai succès. En 2024, c'est la commune de Présailles (Haute-Loire) qui accueillera la fête. Son maire, Olivier Allemand, a fait part de son « grand plaisir » et s'est déjà projeté dans son organisation, avec le soutien des communes voisines comme Freycenet-la-Lacuche, Alleyrac (hors zone AOP) ou encore Le Monastier-sur-Gazeille, pour de la logistique, du matériel ou même des bénévoles. Un exemple qui montre la solidarité cultivée sur ce territoire du Mézenc. Solidarité, un mot repris par deux conseillers départementaux ardéchois, Bernadette Roche pour la Haute-Ardèche, et Michel Villemagne, du Haut Eyrieux, qui soulignent l'impact positif de cette AOP, dans son « rôle fédérateur » et sa « dynamique ». 

Suzanne Marion

La prairie, un enjeu pour l'AOP
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La prairie, un enjeu pour l'AOP

« Pour manger mieux, il faut produire mieux », a lancé le président Bernard Bonnefoy. Et cette notion est l'ADN des éleveurs de Fin Gras du Mézenc qui défendent une viande de qualité, produite à base de l'herbe et du foin de ce territoire.

C'est pourquoi la gestion des prairies est essentielle dans le cadre de l'AOP. « Suivre ses prairies pour en adapter la gestion : un enjeu d'avenir pour l'AOP », tel est l'objectif de Pierre-Marie Le Henaff du Conservatoire botanique du Massif-central, responsable de l'antenne territoriale Auvergne, qui est intervenu sur ce sujet lors de l'assemblée générale. Comme il l'a déjà fait avec des éleveurs d’AOP laitières (saint-nectaire et laguiole), du charolais dans l'Allier, il envisage de se pencher sur cette thématique avec un groupe d'éleveurs de Fin Gras du Mézenc, intéressés pour travailler sur la conduite de leurs prairies naturelles en recherchant l'équilibre entre la flore et la fertilisation.

Dans un contexte actuel où le facteur limitant de la prairie naturelle est l'eau, plus que la fertilisation, il est primordial pour des territoires herbagers de se pencher sur la valorisation de l'herbe et sur l'intérêt de la prairie naturelle par rapport à la prairie temporaire.

Dès début 2024, Pierre-Marie le Henaff, en lien avec l'association du Fin Gras du Mézenc, souhaite créer un groupe de travail avec des volontaires. L'appel est lancé…

S.M.