ÉLEVAGE
Fin Gras du Mézenc : « Nous sommes fiers de notre filière »

Cécile Chanteperdrix
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ÉLEVAGE / L’assemblée générale de l’association Fin Gras du Mézenc a eu lieu lundi 12 octobre à Chaudeyrolles en Haute-Loire.

Fin Gras du Mézenc : « Nous sommes fiers de notre filière »
Le président de l'association Fin Gras du Mézenc, Bernard Bonnefoy, entouré du représentant du maire de Chaudeyrolles et de Alison Salat, technicienne.

Après un accueil chaleureux de Jean Roméas, adjoint à la mairie de Chaudeyrolles, le président de l’association Fin Gras du Mézenc, Bernard Bonnefoy a d’emblée fait remarquer les interrogations soulevées par la crise sanitaire et le confinement du printemps dernier. Pour autant, « grâce à la solidité de la filière, à la solidarité, à une responsabilité égalitaire entre les différents acteurs, nous avons pu surmonter cette épreuve et avancer malgré tout. Nous sommes fiers de notre filière », a-t-il annoncé. La réactivité a été au rendez-vous puisque l’association a réalisé auprès de l’Inao1 une demande de dérogation temporaire concernant la période d’abattage afin de prolonger celle-ci jusqu’au 31 juillet, soit deux mois supplémentaires. Cette demande a été validée par l’arrêté ministériel du 29 mars 2020.

Avec la prolongation de la saison Fin Gras, les bouchers et restaurateurs ont pu écouler leur marchandise. La venue de nombreux touristes a eu pour conséquence une plus large connaissance de la viande Fin Gras. Le résultat « de toutes ces années de promotion », selon Bernard Bonnefoy. « Nous sommes des paysans « payseurs » et tout ce que vous voyez, ces paysages, sont le fruit de l’élevage. »

Le développement se poursuit

Durant l’hiver 2019-2020, 107 exploitations ont fait suivre des animaux dans le cadre du processus de production en AOP2 (de l’élevage à l’engraissement). Parmi elles, 97 ont eu des animaux en cours d’engraissement, contre 100 en 2019. Des chiffres qui s’expliquent par plusieurs départs en retraite et 4 nouvelles exploitations habilitées. Cette année, 1 222 animaux ont été commercialisés en AOP, soit 52 bêtes supplémentaires par rapport à la saison précédente (+ 4 %). La moyenne de production par exploitation est de 12,73 animaux, en progression elle-aussi.

139 bouchers adhérent à l’association, dont 103 dans la catégorie « toute la saison » et 36 en « occasionnels ». Cette saison, 10 nouveaux points de vente proposent le Fin Gras du Mézenc. La vente via les grossistes reste prédominante. La vente directe (5 % des ventes), quant à elle, continue sa progression. Du côté des restaurateurs, 48 adhèrent à l’association.

Si la zone de commercialisation couvre essentiellement la région Auvergne Rhône-Alpes, quelques départements plus éloignés tels que l’Ille-et-Vilaine, la Marne et le Pas-de-Calais, portent aussi les couleurs du Fin Gras. Jusqu’en Gironde, où un essai a été réalisé cette année.

Une année particulière, un nouveau concours

La crise sanitaire a bien entendu fortement impacté l’activité touristique de la Maison Fin Gras, puisque la saison a débuté le 6 juin et non au mois d’avril comme habituellement, ce qui représente environ 50 jours de fermeture liés au confinement. De nombreux groupes ont annulé leur venue. Pour autant, les mois de juillet et août ont été excellents car il y a eu beaucoup de monde sur le massif. Au 30 septembre, on comptabilisait 2 539 visiteurs passées à la Maison du Fin Gras, avec un public plus local mais aussi des personnes découvrant ce milieu qui reviendront peut-être.

En ce qui concerne la promotion et la communication du Fin Gras, l’équipe a su utiliser au mieux les nouvelles technologies (site Internet, page Facebook) pour se faire connaître. La plaquette annuelle a été éditée et distribuée. Une nouvelle animation a aussi vu le jour : le concours virtuel de bovins, organisé avec les éleveurs, les bouchers, les restaurateurs et les consommateurs, dans le but de montrer que la saisonnalité continuait. Le succès a été au rendez-vous, avec près de 600 participants (voir ci-contre). Plusieurs événements et animations phares de la saison (foires, fête du Fin gras) n’ont pas eu lieu. La fête du Fin gras prévue à Saint-Front est, quant à elle, maintenue pour 2021. « Nous avons réussi à traverser cette crise honorablement grâce à la solidarité de tous », s’est félicité le président Bonnefoy.

Cécile Chanteperdrix

  1. Inao : Institut national de l’origine et de la qualité.
  2. AOP : Appellation d’origine protégée.
REMISE DE PRIX / Concours virtuel de bovins
Prix des éleveurs et des restaurateurs Gaec du Rochasse.

REMISE DE PRIX / Concours virtuel de bovins

Lors de cette assemblée générale, l'association a félicité les lauréats du concours virtuel de bovins organisé du 27 mars au 7 avril. Un concours ouvert à tous les éleveurs souhaitant y inscrire la plus belle génisse ou bœuf Fin Gras de leur choix. Au total, 37 animaux ont été présentés lors de cette opération qui visait, en plein confinement, à rappeler que la saison du Fin Gras se poursuivait ! Le grand public était invité à voter, ainsi que les éleveurs, bouchers, restaurateurs, consommateurs, passionnés d'élevage et de gastronomie. Aucun barème n'a été défini, seule comptait l'appréciation personnelle des votants.

Voici les lauréats pour chaque catégorie de votants :

  • Bouchers : Georges Nouvet.
  • Éleveurs et restaurateurs : Julien et Serge Ollier du Gaec du Rochasse (Freycenet-le-Cuche).
  • Consommateurs : Sophie et Philippe Brun du Gaec de Blacheronde (Les Estables).
  • Photo la plus originale : Thibault Devidal.
PARTENARIAT/ Une nouvelle forme d’agriculture
Bernard Bonnefoy, président de l'association Fin gras du Mézenc et Jean-François Ravault président de l'AOP boeuf ce Charolles.

PARTENARIAT/ Une nouvelle forme d’agriculture

Onze AOP sont réunies au sein de la Fédération des AOP Viandes de France (Fevao) depuis le 6 décembre 2019 et gérées par un Organisme de défense et de gestion (ODG).

L’association Fin Gras du Mézenc fait partie de la Fevao, dont le siége est situé à Chaudeyrolles. Bernard Bonnefoy en est le trésorier et avait invité à l’assemblée générale de l’association Fin Gras du Mézenc le vice-président de la Fevao, Jean-François Ravault, qui est également président de l’AOP du bœuf de Charolles. Après avoir exposé les qualités de cette viande qui bénéficie d’« une grande capacité de maturation qui permet une jutosité importante en bouche », Jean-François Ravault a justifié l’intérêt du regroupement des éleveurs en fédération. Les éleveurs AOP avaient du mal à se retrouver dans les structures existantes en raison de leur particularité et leur originalité. « Si on a les mêmes valeurs, on défend un terroir, des éleveurs, pourquoi ne pas se rencontrer, se mobiliser et travailler ensemble ? », a-t-il expliqué. Une façon de se faire davantage connaître et de défendre au mieux leurs intérêts. « C’est l’esprit AOP qui nous rassemble », a souligné Yannick Pochelon, animateur de la Fevao.

700 producteurs

La fédération regroupe 700 producteurs sur une trentaine de départements. Ces 11 AOP (le taureau de Camargue, le bœuf de Charolles, le bœuf Maine-Anjou, le Fin gras du Mézenc, les agneaux de prés salés de la baie de Somme, du Mont Saint-Michel et de Barèges-Gavarnie, les volailles de Bresse, le porc noir de Bigorre, les charcuteries de Corse, le porc Kintoa), dont certaines plus anciennes, ont des « réputations très fortes » et profitent ensemble de cette renommée. « Nous pouvons grâce à cette notoriété défendre nos valeurs auprès de structures nationales et autres. De plus, nous sommes dans une forme de production qui aujourd’hui répond aux attentes des consommateurs. Nous proposons une nouvelle forme d’agriculture plus respectueuse de l’animal, de son terroir, de la biodiversité. Les AOP permettent le maintien de l’agriculture dans ces terroirs-là », a expliqué le vice-président.

C.C.

Assemblée
Nombreuse assistance pour l'assemblée générale de l'association Fin gras du Mézenc. À noter la présence de l’ancienne présidente de la Maison Fin Gras Roselyne Chapelle, du responsable du service économie agricole et développement rural à la DDT Jean-Pierre Chaput, du nouveau président du Parc des Monts d’Ardèche Dominique Allix, de la députée de Haute-Loire Isabelle Valentin, et de l'élue du Département de Haute-Loire Nathalie Rousset.