SANITAIRE
Le GDS de l’Ardèche maintient de bons résultats

Anaïs Lévêque
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Le Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Ardèche organisait son assemblée générale le 17 mars par visioconférence. Tour d'horizon des plans sanitaires menés dans le département.

Le GDS de l’Ardèche maintient de bons résultats
Avec la réalisation du statut sanitaire lors d’achats ou de mouvements d’animaux, la lutte contre la parasitisme est l’une des préoccupations majeures de la section des petits ruminants.

« Dans le contexte particulier de l’année 2020, le GDS de l’Ardèche a su assurer la continuité de ses missions et faire avancer les dossiers malgré la difficulté de la tâche », a indiqué le président du GDS de l’Ardèche, Mickaël Richard. Lors de l’assemblée générale organisée le 17 mars par visioconférence, il a tenu à remercier le sérieux et l’engagement des éleveurs durant cette période. Sur le plan financier, « votre GDS n’est pas en danger », ajoute-t-il, et les déficits maîtrisés face à « des plans de lutte ambitieux », notamment sur la BVD et la besnoitiose. Une hausse des cotisations de 1,5% a été annoncée, afin d’assurer la conduite des plans sanitaires.

Depuis le 1er octobre 2020, le « Kit Intro » est devenu obligatoire et généralisé sur le département, à la suite du vote en faveur lors de l’assemblée générale 2020 du GDS. Il permet de rechercher entre 2 et 4 maladies selon l’âge des bovins introduits (IBR, BVD, besnoitiose et paratuberculose). Les premiers résultats montrent que 2% des bovins achetés sont positifs à une maladie, contre 4% avant que ne soit rendu obligatoire le Kit Intro. « Cette décision a été la bonne, nous avons évité un grand nombre de contaminations grâce aux analyses réalisées. La question se pose aujourd’hui de le généraliser au niveau de la région. » 

« L’éradication de la BVD est lancée ! »

Parmi les bons résultats des actions menées par le GDS de l’Ardèche, figure celui de la lutte contre la BVD : 79 % des bovins ardéchois sont qualifiés garanti non-IPI (Infecté Permanent Immuno-tolérant). « L’éradication de la BVD est lancée ! », indique Michaël Richard, invitant les éleveurs à poursuivre leurs efforts. Depuis septembre 2019, 80 % des bovins détectés positifs ont été dépistés grâce aux boucles auriculaires sur les veaux naissants. « Nous conseillons aux éleveurs qui ne les utilisent pas encore de le faire rapidement, en raison des règles de l’arrêté ministériel du 31 juillet 2019 fixant des mesures de surveillance et de lutte contre la maladie. » Si les règles de cet arrêté ne sont pas respectées, le GDS est dans l’obligation d’en informer la DDCSPP1, prévient-il : « Attention, la circulation virale de la BVD reste importante dans le département. Nous ne pourrons pas cautionner que certains éleveurs n’entrent pas dans cette démarche de dépistage alors que d’autres font le maximum pour en finir rapidement avec cette maladie ». Pour l’heure, 53 plans d’assainissement sont en cours en Ardèche. 

Depuis le 1er janvier 2021, la qualification des bovins garantis non-IPI est inscrite sur les attestations sanitaires à délivrance anticipée (Asda), rappelle Margot Brie : « Concernant les naissances de janvier, 93,6 % des Asda éditées ont eu la mention non-IPI, ce qui reflète le travail précis des éleveurs ».

IBR : 97 % des élevages bovins ardéchois indemnes

Concernant l’IBR (Rhinotrachéite infectieuse bovine), l’Ardèche se rapproche encore un peu plus de l’éradication avec 97% des élevages bovins indemnes, 2,6% en cours de qualification et un élevage en cours d’assainissement. Un seul bovin est positif en Ardèche. Le GDS appelle les éleveurs à poursuivre leur vigilance lors des introductions d’animaux, via la réalisation du Kit Intro chez l’acheteur et une quarantaine stricte avant contrôle, puisque de nombreuses contaminations sont observées dans les départements limitrophes et des troupeaux indemnes sont fortement contaminés. 

Face à ces bons résultats sur l’IBR, le GDS comptait alléger les prophylaxies, mais avec l’entrée en vigueur de la Loi santé animale en avril 2021, les contrôles seront maintenus dans les cheptels allaitants dont l’effectif est inférieur à 35 animaux de plus de 24 mois. « C’est une injustice », affiche Mickaël Richard.

Autre action phare du GDS : la lutte contre la besnoitiose. De plus en plus d’élevages ardéchois sont rassemblés dans une gestion collective de la maladie. Sur la campagne 2019-2020, 131 élevages ont été dépistés par prises de sang dans le département, et 79 élevages sont actuellement engagés dans un plan d’assainissement. Après le secteur du Coiron, le GDS travaille désormais avec les éleveurs du Plateau ardéchois pour la mise en place d’une gestion collective de la maladie. La zone de lutte intensive a été élargie à tout le Centre Ardèche, souligne Michaël Richard. « Pour ceux qui ne seraient pas situés sur ces zones, rien ne les empêche de contrôler leur troupeau et intégrer si nécessaire un plan d’éradication, et bénéficier de l’aide accordée par GDS France. »

Petits ruminants : l’Ardèche ne chôme pas !

Chez les petits ruminants, les actions sanitaires de prévention se poursuivent, notamment sur la réalisation du statut sanitaire qui permet de détecter et d’éviter d’introduire diverses maladies (fièvre Q, paratubercu­lose, chlamydiose et CAEV en caprin, Visna Maedi en ovin) dans les troupeaux lors d’achats ou de mouvements des animaux. La lutte contre le parasitisme est aussi l’une des préoccupations majeures de cette section. 

La méthodologie appliquée à la grande majorité des programmes de lutte chez les petits ruminants est assurée au niveau des sections régionales, et l’Ardèche ne chôme pas ! Les sections régionales caprines et ovines sont désormais animées par Margot Brie (caprins) et Christian Boulot (ovins) du GDS 07.

A.L.

1. Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.

Actualités des sections porcine, équine, apicole…

Parmi les autres filières animales du GDS de l'Ardèche, la section porcine a proposé de nombreuses formations à la biosécurité en 2020, désormais obligatoires pour les éleveurs, ainsi que des accompagnements spécifiques en cas de problèmes sanitaires. 

Après une première formation proposée aux détenteurs d’équins l’an passé, le GDS poursuit son ambition de constituer une section sanitaire équine. Objectif : proposer une formation sanitaire une fois par an et permettre aux éleveurs de se rencontrer. « Comme en apiculture, les profils d’éleveurs d’équidés peuvent être très différents », a indiqué Sylvie Gleize, technicienne au GDS.

La section apicole a développé encore un peu plus son plan d’action et a obtenu la reconduction du PSE (Plan sanitaire d’élevage) qui permet aux adhérents d’obtenir des médicaments et des conseils pour lutter contre le Varroa. Concernant le frelon asiatique, féroce prédateur d’abeilles, la section travaille sur le piégeage des fondatrices, le signalement et la destruction des nids de frelons via la plateforme régionale www.frelonsasia­tiques.fr, ainsi que sur l’expérimentation d’appâts par convention avec la CNR1. Le GDS de l’Ardèche souhaiterait mettre en place des conventions avec les communautés de communes pour aider au financement de la destruction des nids, et a appelé en ce sens au soutien de l’État et du conseil départemental.

1. Compagnie nationale du Rhône.

Mickaël Richard, président du GDS de l'Ardèche

Mickaël Richard, président du GDS de l'Ardèche
« Engager une période de transition »
Cette nouvelle réglementation engendre des changements significatifs pour la filière apicole.

« Engager une période de transition »

ZOOM / La Loi de santé animale (LSA) européenne qui entrera en application le 21 avril prochain était au centre d’une intervention de la DDCSPP1 lors de cette assemblée.

Le nouveau cadre juridique posé par la LSA est une « petite révolution » pour le monde de l’élevage et les acteurs du sanitaire et vétérinaires. Il a pour objectifs de mieux détecter et contrôler les maladies animales, en se basant sur l’évaluation des risques, le renforcement de la biosécurité et une catégorisation des maladies animales au niveau européen qui identifie pour chacune d’entre elles des mesures de gestion sanitaire à appliquer. Cette nouvelle réglementation va modifier de nombreux dispositifs actuellement en vigueur. « Il va falloir se mettre en conformité avec la LSA et engager une période de transition », a prévenu Stéphane Klotz, responsable du service Santé et protection animales et Environnement à la DDCSPP. Il a rappelé les enjeux fixés par cette loi : préserver et renforcer le capital sanitaire de l’élevage français, et garantir aux éleveurs leur capacité et leur compétitivité aux échanges. 

Certaines catégories de maladies conduiront à des mesures de gestion obligatoires, d’autres pourront être allégées voire supprimées par rapport à des prescriptions nationales actuellement en place. Il sera donc possible de sur-réglementer une maladie, à condition que cela ne pose pas d’entraves aux échanges d’animaux vers un autre État membre. 

Les changements les plus significatifs engendrés par cette nouvelle réglementation sont observés sur la filière apicole : la nosémose et le frelon asiatique seront « déréglementés » ; et la loque américaine sera soumise à réglementation uniquement pour les échanges.

Filière bovine

Pour la filière bovine, la BVD sera soumise à déclaration obligatoire et une surveillance évènementielle, c’est-à-dire clinique, sans surveillance programmée comme c’est le cas avec la brucellose. « Pour le moment, le programme d’éradication français n’est pas reconnu par la LSA. Malgré tout, la BVD entraîne de lourdes conséquences sanitaires dans les élevages touchés. Les efforts fournis ne doivent pas être relâchés et sa gestion devra être prise en charge par des organismes professionnels reconnus et des programmes de lutte volontaire, sinon nous risquons d’être exclus des échanges », souligne le directeur du GDS de l’Ardèche, Christian Boulon.

Ce ne sera pas le cas de l’IBR, soumise à éradication optionnelle avec un dépistage individuel obligatoire des bovins de plus de 12 mois pour obtenir la qualification, laissant présager des conséquences sur le marché bovin. Une demande de reconnaissance du programme d’éradication national pour 12 régions françaises est en cours. 

La gestion de la fièvre catarrhale ovine (FCO), elle aussi soumise à éradication optionnelle, risque d’engendrer des restrictions d’échanges et de mouvements car elle ne fait pas l’objet d’un plan de lutte reconnu ou de lutte spécifique exprimée par les professionnels. Avec la LSA, la validation de la vaccination des animaux devra être de plus de 60 jours avant envoi (et non plus 10 jours).