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Le Picodon malmené par la baisse du pouvoir d’achat

Lundi 15 avril à Étoile-sur-Rhône (Drôme) s’est tenue l’assemblée générale du syndicat du Picodon AOP. Au centre des débats : la forte baisse des volumes de vente en 2023, les prix « tirés vers le bas » sur les marchés locaux et les campagnes de promotion autour de l’appellation.

Le Picodon malmené par la baisse du pouvoir d’achat
Près de 142 opérateurs étaient engagés dans la filière AOP Picodon en 2023.

Avec 456 tonnes revendiquées en AOP Picodon en 2023, la filière enregistre un recul de plus de 100 tonnes par rapport à 2022. Elle connaît même là son plus bas niveau de production depuis 2014 (470 tonnes). Pour Nicolas Revol, président du syndicat depuis bientôt un an, ce recul s’explique non pas par un recul du potentiel de production mais par une forte baisse des volumes de vente. « L’an dernier, la consommation a été en berne sur ce type de produits et sur tous les circuits, du petit marché de village à la grande distribution en passant par les magasins de producteurs », a constaté Nicolas Revol. De toute évidence, le Picodon a fait les frais du pouvoir d’achat en baisse des Français.

En 2023, le nombre d’opérateurs engagés dans la filière est passé à 142, contre 145 en 2022. C’est son plus bas niveau depuis dix ans. Parmi ces 142 opérateurs, 140 ont contribué à la production d’un peu plus de 7,6 millions de Picodon : 55 producteurs fermiers (28 en Drôme, 26 en Ardèche, 1 en canton limitrophe), 65 producteurs laitiers (43 en Ardèche et 22 en Drôme ), 11 producteurs fermiers livrant à des affineurs (7 en Drôme, 4 en Ardèche), 6 entreprises (4 en Drôme, 2 en Ardèche) et 3 affineurs (2 en Drôme, 1 en Ardèche).

Observatoire des marchés

Face au recul de la consommation, le syndicat a poursuivi ses opérations de promotion et de communication, notamment l’an dernier autour des 40 ans de l’appellation. De nombreux supports (carte dépliante « destination Picodon », dépliant de présentation, sacs papier kraft, chaine YouTube, page Instagram …) sont proposés par le syndicat. Celui-ci s’est également fait l’ambassadeur de l’appellation sur le Salon de l’agriculture à Paris, lors de la Fête du Picodon à Saoû, de la fête du Bleu-du-Vercors à Villard-de-Lans, à celle de la Fourme de Montbrison ou lors de l’évènement Le Picodon chez lui à Dieulefit. Sans oublier la participation du syndicat à la fête de la gastronomie à Valence, au Salon Tech&Bio…

Avec d’autres AOP et IGP de la région, le syndicat du Picodon participe également à l’observatoire des marchés et au réseau de veille sur l’usurpation du nom Picodon. Concernant les relevés de prix, les données compilées de l’observatoire en Auvergne-Rhône-Alpes montrent que, en 2023, en raison de l’inflation enregistrée, les prix moyens ont augmenté dans toutes les grandes villes relevées. Les prix les plus élevés concernent Lyon et Grenoble, où le prix moyen s’établit dans les deux cas à 2,84 €/pièce.

Renouvellement des générations

La question du prix s’est d’ailleurs invitée dans les débats de l’assemblée générale. S’il est totalement interdit pour les opérateurs de s’entendre sur un prix minimum, il a été question des prix « tirés vers le bas » pratiqués par certains producteurs sur les marchés locaux en Ardèche et Drôme.

Le président Nicolas Revol a aussi indiqué que c’était l’une des missions du syndicat que d’expliquer au consommateur pourquoi le Picodon « coûte plus cher ». L’idée de panneaux pédagogiques pour l’expliquer sur les stands des producteurs a été lancée. « Nous avons tous intérêt à motiver l’ensemble des producteurs à vendre le Picodon au juste prix, sinon on ne pourra pas assurer la relève et installer des jeunes qui auront besoin de valoriser suffisamment leur produit pour faire face aux investissements, a souligné un producteur. C’est le renouvellement des exploitations et notre avenir à tous qui est en jeu. »

Sophie Sabot

fromages
En 2023, l'AOP Picodon enregistre un recul de plus de 100 tonnes par rapport à 2022, son plus bas niveau de production depuis 2014 (470 tonnes).
Premiers résultats pour l’association de valorisation
Denis Dumain, président de l’association de producteurs pour la valorisation des chevreaux d’Auvergne-Rhône-Alpes. ©S.S.-AD26
CHEVREAUX LOURDS

Premiers résultats pour l’association de valorisation

Créée en janvier dernier, l'association de producteurs pour la valorisation des chevreaux d’Auvergne-Rhône-Alpes a permis de commercialiser 179 chevreaux sur le marché régional. « Un très bon résultat » pour son président Denis Dumain.

Créer un circuit de commercialisation pour les chevreaux lourds engraissés à la ferme. C’est l’ambition de la toute jeune association de producteurs pour la valorisation des chevreaux d’Auvergne-Rhône-Alpes, créée en janvier dernier. Son président, Denis Dumain, fromager fermier en Ardèche, et Léna Orhant, chargée de mission Interbev pour la structuration de la filière chevreau en Auvergne-Rhône-Alpes, ont présenté la démarche à l’occasion de l’assemblée générale du syndicat du Picodon.

Objectif : fédérer des filières locales 

L’association vient d’expérimenter la possibilité d’approvisionner un marché régional avec les magasins Fresh et Grand Frais. « Nous avons rencontré leur acheteuse l’an dernier sur le salon Sirha à Lyon. Elle nous a dit être intéressée par de la viande de chevreau », explique Denis Dumain. L’association a convaincu l’abattoir d’Aubenas et un découpeur local d’accompagner les producteurs dans la démarche. Des producteurs ont été mobilisés pour répondre à l’objectif de départ qui était de fournir 200 chevreaux entre 8 et 13 kg de carcasse. Au final, 179 chevreaux ont été commercialisés entre 9 et 12 kg de carcasse pour un prix payé aux éleveurs de 10 € / kg carcasse. « C’est un très bon résultat, y compris pour des éleveurs qui n’avaient jamais engraissé de chevreaux », se réjouit Denis Dumain.

L’objectif à présent est que l’association fédère d’autres groupes d’éleveurs sur d’autres territoires de la région, autour d’abattoirs et découpeurs proches de chez eux. L’idée est de s’appuyer sur cette première expérience réussie en Sud Ardèche pour construire d’autres filières locales capables de proposer suffisamment de volumes pour intéresser des marchés en circuit long.

S.S.

Chevreaux lourds
Les chevreaux ont été commercialisés entre 9 et 12 kg de carcasse pour un prix payé aux éleveurs de 10 € / kg carcasse.