CONJONCTURE
Face à l’explosion des charges : les établissements agricoles s’adaptent

Alors que les exploitations s’adaptent à la hausse des charges en modifiant leur modèle de production, les établissements agricoles se trouvent également au cœur de cette crise. Ces derniers tentent de la surmonter grâce à une réflexion durable, mais également pédagogique. 

Face à l’explosion des charges : les établissements agricoles s’adaptent
Vue aérienne de l’exploitation du lycée agricole du Bourbonnais, à Moulins (Allier) ©LEGTA Bourbonnais

Depuis la hausse historique des coûts de production agricole notée en 2022, l’année 2023 s’est révélée être une nouvelle épreuve pour les exploitations. Si le lycée agricole du Bourbonnais (Allier) n’a pas attendu la crise pour s’adapter, il doit redoubler d’efforts chaque année pour réduire ses coûts. 

Petits projets, grands résultats

Depuis quatre ans, c’est Fabrice Ranoux qui dirige l’exploitation du Legta du Bourbonnais. Après de nombreuses années à enseigner dans le même établissement, c’est une structure qu’il connaît et qu’il tente chaque année de faire évoluer vers plus d’autonomie. Aujourd’hui, la ferme est constituée d’un troupeau historique de bovins allaitants de race charolaise, de 300 brebis conduites en dessaisonnement et de 800m2 de poulaillers. L’exploitation est aussi dotée de prairies, de terres labourables et de cultures fourragères. « Nous sommes actuellement autonomes en alimentation à plus de 90 %. Et l’objectif est d’arriver à faire encore mieux », projette-t-il. Car parmi les coûts importants figure la nourriture pour l’engraissement : si l’établissement a choisi la production de méteil grain, elle ne permet pas d’éviter totalement l’achat de tourteaux de colza. Concernant l’utilisation de produits phytosanitaires, l’exploitation a divisé ses IFT de moitié en seulement deux ans. « Nous avons réduit notre consommation d’engrais azotés de 40 %, grâce à une gestion plus fine de notre fertilisation », explique Fabrice Ranoux.

Augmenter les surfaces de céréales pour gagner en production de paille, réduire les intrants, renforcer la qualité des produits (label rouge), convertir en bio une quinzaine d’hectares, sont autant de petits projets qui ont contribué à soutenir l’exploitation et à la rendre plus résiliente face aux coups durs.  « Notre démarche de renforcement de la qualité de nos produits a aussi permis de développer la vente directe de chacune de nos productions », explique Fabrice Ranoux. Un gain de 30 000 € en un an pour l’établissement.

« Notre système nous aide à surmonter la crise »

« L’explosion des coûts a été brutale pour nous aussi, nous en avons souffert, mais sûrement beaucoup moins que d’autres exploitations », nuance Fabrice Ranoux. « Notre système nous prouve cependant qu’il est assez solide pour surmonter ce genre de crise. Car passer d’un système dans lequel on achète beaucoup, dans lequel on est un peu intensif, à un système modeste comme le nôtre, ça ne se fait pas du jour au lendemain », explique-t-il.

Et le lycée agricole du Bourbonnais ne s’arrêtera pas en si bonne lancée, puisque de nombreux projets sont en cours de réalisation. « En 2024, nous avons prévu de construire un nouveau bâtiment de stockage pour la paille, le bâtiment sera doté de panneaux photovoltaïques », se réjouit Fabrice Ranoux. « Cela nous permettra de gagner encore en autonomie et de pouvoir revendre l’électricité produite hors période d’activité du lycée ». Et les efforts ne s’arrêteront pas là pour l’année puisque l’établissement compte sur une nouveauté d’envergure : la création d’un démonstrateur photovoltaïque sur l’exploitation.

Charlotte Bayon