ENSEIGNEMENT
Une nouvelle vision du baccalauréat professionnel

Depuis la rentrée 2023, l’enseignement agricole a entrepris une rénovation de fond, notamment au travers du diplôme du baccalauréat professionnel. Si ce dernier est révisé tous les cinq ans, son approche « capacitaire » a vocation à modifier durablement les enseignements agricoles, et l’évaluation des élèves prétendant au diplôme de niveau 4.

Une nouvelle vision du baccalauréat professionnel
Nathalie Prudon-Desgouttes, directrice régionale adjointe de la Draaf.

« Les bacs professionnels ont été rédigés dans une logique d’approche par compétences, pour développer au mieux le pouvoir d’agir des élèves et des apprentis ou stagiaires, dans leur future vie professionnelle et sociale », explique Véronique Le Guen, cheffe de pôle formations certifications & filières à la Draaf (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis la réforme de l’enseignement professionnel, les baccalauréats professionnels Sapat (service aux personnes et animation dans les territoires), forêt, GMNF (gestion des milieux naturels et de la forêt) et agroéquipements ont été rénovés. Ces derniers seront suivis à la rentrée 2024 par le bac professionnel « conduite d’activité d’élevage et d’hébergement dans le secteur canin-félin ».

Et cette réforme profonde de l’enseignement se traduit dans une « approche par compétence », par un prisme pluridisciplinaire. « Il s’agit d’entraîner les élèves à raisonner, à analyser une situation, identifier les ressources à mobiliser, et les mobiliser de façon adaptée à une situation donnée », explique Véronique Le Guen. « Prenons la problématique de l’eau sur une exploitation, dans un contexte de changement climatique et de forte dépendance de l’exploitation à l’irrigation », poursuit Nathalie Prudon-Desgouttes, directrice régionale adjointe de la Draaf. « Un problème concret se pose, les élèves devront trouver des solutions afin de s’adapter, au travers de choix des productions, des conduites, des ventes, des services mis en marché par l’entreprise… tout cela en respectant des critères économiques, humains, et environnementaux », explique-t-elle.

Une réponse adaptée aux enjeux sociétaux

« Ce changement ne concerne pas que les élèves », affirme la directrice régionale ajointe de la Draaf. En effet, il entraîne également l’équipe pédagogique, qui doit adapter ses enseignements selon la même logique : travailler de concert, par modules, afin de construire une nouvelle façon d’évaluer les élèves. Pour cela, c’est une série de formations que devront suivre les enseignants, notamment sur la question agroécologique.

« Cette dynamique d’approche par compétences, c’est un grand mouvement », assure Nathalie Prudon-Desgouttes. Les nouvelles générations changent de plus en plus fréquemment d’emploi, car les jeunes travailleurs ont de nouvelles attentes pour leur futur professionnel. La Draaf s’assure donc de construire un enseignement qui rende attractifs les formations et les métiers. Le système assure ne pas avoir la tête dans le sable, notamment au vu des turbulences actuelles du secteur. « Cela fait partie des réponses au problème de renouvellement des générations dans le secteur agricole. L’approche par compétence est précieuse, elle permettra d’acquérir des compétences transférables ailleurs. Elle permet de ne pas enfermer les jeunes dans un diplôme, mais plutôt de leur donner des clefs pour choisir leur avenir », assure-t-elle.

Charlotte Bayon