EAU
Olivier Veran face aux problématiques de sécheresse en Ardèche

Le ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement était en visite à Pranles pour évoquer les problématiques de sécheresse que rencontre l'Ardèche. Le projet d'interconnexion d'eau entre trois communes, Coux, Lyas et Pranles, lui a été présenté.

Olivier Veran face aux problématiques de sécheresse en Ardèche
Ce projet d'interconnexion de réseau d'irrigation vise à sécuriser le réseau de façon pérenne.

Les problématiques liées à la ressource de l’eau deviennent de plus en plus pressées à mesure que les températures grimpent. Aux abords du Boyon, rivière qui alimente le Moulin de Mandy, petit coin bucolique sur la commune de Pranles, le préfet de l’Ardèche Thierry Devimeux alerte le ministre : « Il faut revoir notre mode de gouvernance. Les forêts deviennent sèches, on a subi énormément de feux de forêts l’été dernier. Cela a créé un électrochoc au sein de la population ». La sécheresse n’a pas besoin de provoquer des feux pour être une problématique majeure concernant l’ensemble de la population.

Face à la raréfaction de l’eau : un plan de sobriété

Le manque d’eau a obligé l’État à mettre en place un plan eau de sobriété, présenté en mars dernier par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. « Nous travaillons avec l’ensemble de la population, mais aussi les entreprises et les agriculteurs sur la nécessité d’un volet sobriété. Nous mettons en place des grandes transformations pour éviter des fuites d’eau en rénovant les systèmes d’irrigation. Nous collaborons avec les collectivités grâce à l’action de la préfecture avec un financement de l’État pour faire en sorte que l’eau potable, là où elle n’arrive pas, puisse arriver demain », rapporte le porte-parole. Il ajoute : « Il faut anticiper que les fleuves dans 20 ans n’auront plus les mêmes capacités d’actions, il faut donc envisager des solutions durables ».

Un projet d’interconnexion des réseaux d’eau

C’est justement le cas à Pranles, où un projet d’interconnexion de réseau d’irrigation voit le jour afin de sécuriser le réseau de façon pérenne. En 2022, la préfecture a restreint les projets d’urbanisme du village, qui envisageait notamment la construction d’une résidence senior pour les agriculteurs de la commune. La raison ? Un réseau d’eau indépendant, en autonomie et déjà en tension. Une solution technique a donc été trouvée afin de sécuriser le réseau d’eau. « La première étape est de sécuriser le réseau d’eau en soutien avec les deux communes de Lyas et Coux pour lever la réserve d’urbanisme », annonce le préfet. « Le projet est d’interconnecter les trois communes en faisant transiter l’eau, en mobilisant les ressources quand elles sont disponibles, en alternant et créant une station d’eau potable pour sécuriser les trois villages en période estivale. Un réservoir de 500 m3 d’eau sera aussi disponible pour un surplus d’alimentation », décrit le directeur du projet Sydeo, le syndicat des eaux cœur d’Ardèche, Guillaume Alligier.

Si l’enveloppe globale est de 4,5 millions d’euros, l’état, à travers la préfecture, a déjà mis sur la table 175 000 € pour cette année. Le maire de Lyas demande au ministre « des aides substantielles des deux unités, l’État et l’Agence de l’eau ». De son côté, le préfet propose une pluri-annualisation du financement pour pouvoir anticiper. Hervé Saulignac, député de l’Ardèche, intervient : « Sur un projet comme celui-là, s’il n’y a pas l’État, ça ne se fait pas. Mais il faut plus que l’État. Il faut un effort conjugué de toutes les parties prenantes ». En effet, Olivier Veran affirme : « Chacun doit prendre ses responsabilités, l’eau est un enjeu fondamental au-delà du département, rien n’empêche le Département ou la Région de participer et de compléter les enveloppes ».

M.M.

L'eau, un enjeu majeur pour la continuité de l'agriculture 
En Ardèche, un protocole d’accompagnement des projets de retenues a été signé en 2021 pour soutenir l'émergence de projets vertueux pour les productions agricoles, la préservation des milieux et les autres usages de l’eau. Photo d'archives
ACCOMPAGNEMENT

L'eau, un enjeu majeur pour la continuité de l'agriculture 

L’enjeu de l’eau potable traverse également des problématiques économiques, notamment celles liées à l’agriculture qui ont été évoquées avec le ministre. 

Le président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, Benoit Claret, n’a pas manqué de rappeler au ministre que, pour le domaine agricole, l’eau est une consommation indirecte mais tout aussi primordiale à la consommation humaine. « Il y a un lien étroit entre l’eau disponible et l’agriculture. Il faut une stratégie commune de sobriété, mais aussi une disponibilité de l’eau pour que l’agriculture du territoire perdure. » Il complète : « Même si l’Ardèche est un territoire par endroits très sec, les précipitations sont concentrées. L’eau est disponible si l’on sait la capter. Il y a 5 milliards de m3 par an qui tombent en Ardèche, il nous faudra une vraie ambition politique et un plan national pour accompagner les agriculteurs sur une échelle plus fine ». Justement, Oliver Veran est revenu sur le fait que le département ne possède que très peu de nappes phréatiques et est en proie aux pluies cévenoles diluviennes qui s’abattent chaque année sur une partie du territoire. Le ministre l’a assuré : « Il faudra des bassins de rétentions d’eau quand c’est nécessaire. C’est un système parmi d’autres. Les agriculteurs ont besoin de dispositif pour pouvoir stocker l’eau ».

Si Olivier Véran n’est pas contre utiliser des bassins de rétentions d’eau, les lacs collinaires, qui fonctionnent sans nappes phréatiques mais grâce aux eaux de surfaces et au ruissellement, font déjà l’objet « d’une mise en place d’un protocole entre les agriculteurs, les services de l’État et les associations environnementales pour définir un mode opératoire afin de créer des lacs collinaires qui soient intéressants pour les agriculteurs et respectueux de l’environnement », est intervenu le préfet. Plus précisément, ce protocole, signé il y a un an, prévoit de « faciliter la sortie de projet de retenues d’eaux complexes qui découragent les agriculteurs. L’objectif est d’être transparent et de rassurer à la fois les agriculteurs et les associations environnementales ». L’or bleu, élément primordial à toute vie, force le gouvernement et les acteurs locaux à multiplier les projets et à envisager des solutions afin de maîtriser une ressource devenue imprévisible.

M.M.