LÉGISLATIVES
Les propositions agricoles des candidats à la circonscription 3 (Aubenas - Sud Ardèche)

Mylène Coste
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En perspective des élections législatives des 12 et 19 juin prochains, l’Avenir agricole de l’Ardèche a invité les candidats à s’exprimer sur leurs propositions en matière agricole. Dans la 3e circonscription, 4 candidats sur 10 nous ont répondu. Cette démarche fait suite à l'invitation de la FDSEA et Jeunes agriculteurs Ardèche à une rencontre avec l'ensemble des candidats, interrogés sur six thématiques : l'installation et la transmission, la croissance durable, la production, la rémunération, l'alimentation et la transition. Une rencontre avec les candidats. Une rencontre avec les candidats de la 3e circonscription a été organisée le vendredi 3 juin à Saint-Étienne-de-Fontbellon.

Les propositions agricoles des candidats à la circonscription 3 (Aubenas - Sud Ardèche)
Alexandra Cauquil (Majorité présidentielle) : "Soutenir les agriculteurs sur la question de l’eau"
Alexandra Cauquil.

Alexandra Cauquil (Majorité présidentielle) : "Soutenir les agriculteurs sur la question de l’eau"

"Le Président de la République l’a réitéré à de nombreuses reprises : nous devons défendre une politique agricole qui garantisse notre souveraineté alimentaire, rémunératrice pour nos agriculteurs, protectrice face aux aléas climatiques, résiliente et durable. 

Pour cela, il est nécessaire de répondre urgemment à la question du renouvellement des générations, de la transmission et de la protection du foncier agricole. C’est pourquoi je défendrai le projet de « loi d’orientation et d’avenir agricole » avec 3 axes : renforcement des fonds de portage et classification du foncier agricole comme actif stratégique ; valorisation de l’enseignement agricole en particulier dans les parcours d’orientation ; lutte contre les déserts vétérinaires. Je veux maintenir les aides à l’installation pour les jeunes agriculteurs.

Face à la crise en Ukraine, je suis pour adapter la stratégie « la Ferme à la Fourchette » si celle-ci vient à mettre en péril les rendements et la productivité. Nous porterons un ciblage du bouclier tarifaire – prolongé jusqu’à la fin de l’année – pour juguler l’impact de l’inflation. Je suis pour la mise en place d’un chèque alimentaire, à la condition qu’il favorise les produits alimentaires locaux ou français. 

Pour protéger le revenu de nos agriculteurs, les fonds PAC ont été maintenus sur l’exercice 2021-2027 ; nous avons refusé l’accord Mercosur, nous avons revalorisé les pensions agricoles ; nous avons investi 80 millions d’euros dans les PAT1, et instauré l’assurance-récolte. Sur Egalim 2, il faut accélérer désormais son application dans notre département auprès des collectivités locales. Sur l’assurance-récolte, je serai vigilante à faire remonter vos préoccupations concernant la couverture. 

Enfin, je suis très sensible à ce que nos agriculteurs soient davantage soutenus sur le sujet de l’eau : cela passe par des assouplissements réglementaires et administratifs concernant la création de retenues collinaires, mais aussi par une discussion stratégique territoriale sur la répartition des usages prioritaires de l’eau pour mieux anticiper les situations de sécheresse, avec l’ensemble des acteurs concernés."

1. Projets alimentaires territoriaux.

Fabrice Brun (Les Républicains) : "Stop à la prédation du loup !"
Fabrice Brun.

Fabrice Brun (Les Républicains) : "Stop à la prédation du loup !"

"L’agriculture ardéchoise, l’élevage et le pastoralisme sont en danger. Le loup, il faut le compter vraiment car ce n’est plus une espèce en voie de disparition mais de multiplication. Et le prélever autant que nécessaire dans un cadre réglementaire complexe qui demain doit protéger davantage l’homme que le loup. 

L’enjeu pour l’avenir, c’est aussi de renouveler les générations d’agriculteurs en poursuivant la revalorisation des retraites agricoles que j’ai votée à l’Assemblée nationale. Et en accompagnant les jeunes agriculteurs comme nous le faisons avec la DJA la plus élevée de France en Auvergne-Rhône-Alpes.

Il faut se battre ensemble pour ne plus importer des produits qui ne respectent pas nos normes, pour amortir les distorsions de concurrence en prolongeant au-delà du 31 décembre 2022 l’exonération de charges pour la main-d’œuvre saisonnière en agriculture (pérennisation du TODE).

Il est plus que jamais urgent de sortir de l’idéologie de la décroissance agricole car sur fond de pandémie mondiale et de guerre en Ukraine, produire pour nourrir doit redevenir la priorité numéro 1 de la Nation. En remettant sans cesse au centre du débat public la répartition de la valeur ajoutée au sein des filières, car les agriculteurs qui travaillent beaucoup méritent un revenu digne. D’autant plus que ce revenu est aujourd’hui fragilisé par les pénuries et l’augmentation du prix de l’énergie et des matières premières, militant pour un bouclier tarifaire beaucoup puissant et ciblé sur les exploitations agricoles. 

Enfin, le stockage hivernal de l’eau constitue la première des assurances récoltes. Avec deux enjeux : l’un sur les ouvrages collectifs d’irrigation existants à Lussas, sur le Chassezac et ailleurs, où l’Etat impose des mises aux normes sans accompagnement financier à ce jour, l’autre sur la création de nouvelle retenues collinaires. On doit y arriver collectivement en levant les freins réglementaires et administratifs. Sur fond de dérèglement climatique, c’est l’avenir de l’agriculture et donc de notre alimentation qui sont en jeu."

Christophe Marchisio (Lutte Ouvrière) : "Fixer le revenu minimum à 2 000 € net"
Christophe Marchisio.

Christophe Marchisio (Lutte Ouvrière) : "Fixer le revenu minimum à 2 000 € net"

"Je suis communiste et sensibilisé à la vie quotidienne de l’ensemble du monde du travail. Je suis frappé par la situation : 18 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté, 100 000 exploitations ont disparu en 10 ans, il y a eu 529 suicides en 2016…C’est la vie des petits paysans. L'agriculture ce sont aussi des ouvriers agricoles, permanents ou saisonniers, des techniciens et des employés interviennent à tous les niveaux. Je m'adresse à tous ceux-là, pas aux gros, voire très gros agriculteurs, qui bien souvent imposent leur loi.

Pour les petits agriculteurs, les revenus restent précaires. Coincés entre le marteau et l’enclume, combien d’agriculteurs en arrivent à vendre à perte certaines années ? Combien ont du mal à se verser un Smic ? Et à la retraite, c’est souvent pire.

Il faut fixer le revenu minimum à 2 000 € net, pour tous ceux qui vivent de leur travail. Cela coûte cher ? Mais les 137 milliards de profits réalisés en 2021 par les firmes du CAC40 ne sont pas venus de nulle part. Ils sont le résultat du détournement d’une partie des richesses collectives produites dans l’industrie ou dans le monde agricole ! Prendre sur ces profits pour assurer que les producteurs vivent dignement de leur travail serait un juste retour des choses.

L'agriculture est soumise aux lois du marché capitaliste, à la dictature d'une poignée de grands groupes comme les Danone, Nestlé ou Lactalis en aval, les Bayer, Monsanto ou Cargill en amont. Lactalis bâtit sa fortune grâce à l’exploitation de ses ouvriers mais aussi à la ruine des producteurs de lait. Les petits agriculteurs comme les salariés ont intérêt à ce que la transparence soit faite sur les comptabilités des grandes entreprises de l’industrie et du commerce ainsi que des banques, et que tous soient soumises au contrôle de la population. Cela impliquerait que le rapport des forces s’inverse au profit des producteurs et qu’ils se mobilisent pour imposer que les agriculteurs puissent vivre de leur travail."

Non présent à la rencontre organisée par la FDSEA et JA Ardèche.
Laurent Ughetto (Parti radical de gauche) : "Sanctuariser les terres agricoles"
Laurent Ughetto.

Laurent Ughetto (Parti radical de gauche) : "Sanctuariser les terres agricoles"

"L’agriculture fait partie intégrante de l’identité Française, notamment en Ardèche où la surface agricole représente 25 % du territoire. Les défis à relever sont donc importants pour notre département.

Il est d’abord urgent de sanctuariser les terres agricoles et d’assurer leur exploitation. Il s’agit donc de faciliter la transmission et l’accès au foncier en perfectionnant les dispositifs de préemption et de mise en relation entre cédants et repreneurs, sans oublier de promouvoir ces métiers auprès de nos jeunes. 

En tout état de cause, les producteurs doivent vivre de leur travail. Atteindre le juste prix commande un partage équitable de la valeur entre l’agriculteur, le transformateur et le distributeur. Si la loi Egalim 2 a permis des avancées, la forte inflation que nous connaissons en montre les limites. Il faut les corriger. Parallèlement, je souhaite faciliter les groupements de producteurs pour rééquilibrer les négociations commerciales et créer des points de vente direct. 

Face à la concurrence internationale je défends l’harmonisation des règles européenne, l’instauration de clauses miroirs dans les accords de commerce et une ambitieuse politique d’étiquetage. Le consommateur doit disposer d’une information claire sur l’origine du produit. 

Enfin, et dans la continuité de "L’Ardèche en Transition", je souhaite accélérer la recherche en agroécologie, développer les énergies vertes et lutter contre le gaspillage alimentaire. Ces mesures profitent à l’agriculteur et à la planète. Vous connaissez aussi mon engagement pour trois sujets essentiels : la sécurisation de la ressource en eau et la conciliation de ses usages ; la question d’une assurance récolte universelle et mutualisée ; et la protection des élevages contre le loup. Je resterai pleinement mobilisé. Je conçois le mandat de député dans la proximité, la simplicité, l’écoute et la transparence. C’est donc à vos côtés, sur le terrain et dans un échange constant, que j’agirai pour notre agriculture."

Les autres candidats pour la 3e circonscription sont : Florence Pallot (Nupes), Anne Alirol (Parti Occitan), Audrey Teillet (Parti Animaliste), Gonzague Silva (Patriotes), Johan Verheij (Rassemblement National), et Gérald Gandon (Reconquête !). Ces derniers n’ont pas répondu à notre invitation pour s’exprimer dans nos colonnes.