ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Coup d’accélérateur sur le réemploi des bouteilles en verre
Début juin, à Chabeuil (Drôme), une unité de lavage mutualisée a été inaugurée. Elle est portée par trois opérateurs du réemploi de bouteilles en verre implantés sur le territoire Rhône-Alpes : Alpes Consigne, Rebooteille et Ma bouteille s’appelle reviens.
Laver et réemployer huit millions de bouteilles d’ici 2027, c’est l’ambition des trois sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) : Alpes Consigne, Rebooteille et Ma Bouteille s’appelle reviens. Ensemble, elles viennent d’inaugurer un centre de lavage mutualisé, véritable outil de dimension industriel, implanté à Chabeuil dans la Drôme. L’histoire de ces trois opérateurs a commencé quasiment en même temps - mais indépendamment - en 2017. Chacun réfléchissait à des solutions pour collecter, laver et réemployer le verre à l’échelle de son territoire : Drôme et Ardèche pour Ma Bouteille s’appelle reviens ; Isère, Savoie et Haute-Savoie pour Alpes Consignes ; Ain, Rhône et Loire pour Rebooteille. Soit l’intégralité des huit départements du territoire rhônalpin. Dès 2019, Ma Bouteille s’appelle reviens a inauguré une première ligne de lavage. En 2021, elle a réalisé des lavages en prestation pour Alpes Consigne. Mais, très vite, les trois structures comprennent que regrouper leurs activités autour d’une seule unité de lavage leur permettrait d’arriver plus rapidement à l’équilibre économique et surtout de répondre aux besoins de clients industriels. Cette mutualisation séduit les financeurs, notamment l’Ademe, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’État via le Plan France 2030 et le programme Territoire d’innovation, l’Europe via le programme Leader…
Réemployer plutôt que recycler
Début juin, près de 150 personnes étaient réunies à Chabeuil pour découvrir ce tout nouveau centre de lavage mutualisé. Il sera porté par la SAS1 Rhône-Alpes Consigne, regroupant les trois Scic.
« En termes de rentabilité et d’impact environnemental, cette ligne mutualisée - avec des centres de massification2 de la collecte sur les territoires concernés - est plus performante qu’une gestion individualisée si nos trois structures étaient parties séparément », assure Clémence Richeux, directrice de Ma bouteille s’appelle reviens. La jeune femme insiste également sur les enjeux : « Réemployer ses bouteilles permet de réduire de 79 % les gaz à effet de serre par rapport au recyclage. Paradoxalement, laver des bouteilles consomment aussi moins d’eau que d’en refaire une neuve. C’est 51 % des volumes d’eau qui sont ainsi économisés. » La démarche vise également à anticiper les objectifs de la loi Agec, à savoir atteindre 10 % d’emballages réemployés mis sur le marché en France en 2027. Grâce à cet outil collectif, dimensionné pour un usage industriel, les trois structures seront en mesure de se positionner pour répondre aux besoins d’embouteilleurs de taille conséquente. Des embouteilleurs eux-mêmes en attente de garanties très élevées sur le process de lavage et de reconditionnement. Début 2024, l’acquisition d’une mireuse et d’un palettiseur automatiques viendront conforter ces garanties. Les trois opérateurs espèrent ainsi, via leur SAS Rhône-Alpes Consigne, « devenir l’acteur incontournable du réemploi en Rhône-Alpes ».
Sophie Sabot
1. SAS : société par actions simplifiée.
2. Pour l’instant, deux centres de massification sont opérationnels, l’un à Grenoble (38) pour Alpes Consignes, l’autre à Saint-Priest (69) pour Rebooteille. Ils permettent de regrouper les bouteilles collectées et d’effectuer un tri pour n’envoyer au lavage que les bouteilles réemployables.
Contacts :
Drôme, Ardèche : Ma bouteille s’appelle reviens au 06 50 96 62 11 ou [email protected]
Isère, Savoie, Haute-Savoie : Alpes consignes au 06 17 92 43 79 ou [email protected]
Ain, Loire, Rhône : Rebooteille au 09 88 00 12 06 ou [email protected]
« L’économie circulaire consolide le gisement »
Le réemploi, plus cher ou moins cher qu’une bouteille neuve ? Pour Thomas Sautjeau, responsable technique et logistique chez Alpes Consigne, la question n’est pas là. « Sur certains formats, nous sommes déjà largement moins chers que du neuf et l’inverse sur d’autres formats. Ça fait partie de l’accompagnement des producteurs qui veulent travailler avec nous que de réfléchir au format. Sans oublier la notion de pénurie qui entre en jeu. L’économie circulaire consolide le gisement », résume le responsable. Pour l’instant, le centre de lavage mutualisé de Chabeuil ne prend en charge que certains formats. « Nous collectons déjà des contenants de liquide (limonade, jus, bière, vin, lait…) entre 250 ml et 1 litre. Mais nous espérons dès début 2024 pouvoir assurer aussi le lavage de bocaux », poursuit Thomas Sautjeau. Une trentaine de producteurs (artisans, agriculteurs…) travaillent déjà avec Alpes Consigne. « Nous disposons également de plus de 110 lieux de collecte en Isère, Savoie et Haute-Savoie. Une bouteille achetée sur un lieu peut être ramenée sur un autre. Pour les agriculteurs en vente directe, nous mettons à disposition des contenants pour stocker les bouteilles rapportées par les clients que nous collectons ensuite », précise le responsable. Alpes Consigne, en lien avec les chambres d’agriculture ou les services agriculture des collectivités locales, mènent des actions d’information en direction des agriculteurs utilisant des contenants verre. « Nous proposons ensuite des accompagnements individuels ou en groupe pour réfléchir au format de contenant, en privilégiant ceux standardisés pour le réemploi au niveau national, en travaillant avec le producteur et son imprimeur sur le cahier des charges pour les étiquettes... », indique Manon Girard, chargée de cet accompagnement.
Enfin, comme Rebooteille et Ma Bouteille s’appelle reviens, Alpes Consigne assure une mission d’éducation du consommateur pour le familiariser avec le logo - porté par France Consigne - qui identifie les bouteilles pouvant entrer dans la chaîne du réemploi.
