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« Maintenant, il faut transformer l'essai »

Après la deuxième salve d’annonces réalisées par le gouvernement, la mobilisation des agriculteurs est suspendue. Mais le sablier est retourné et le temps s’égrène vite pour l’État qui doit présenter une loi réunissant les promesses faites aux agriculteurs ces dernières semaines, avant le Salon international de l’agriculture 2024.

« Maintenant, il faut transformer l'essai »
Mercredi 31 janvier à Loriol-sur-Drôme, le convoi de tracteurs, venu en renfort, a rejoint les agriculteurs réunis par les FDSEA et Jeunes agriculteurs (JA) de l'Ardèche et de la Drôme, toujours sur place pour tenir le point de blocage. ©DR

Les blocages ont été levés progressivement depuis jeudi 1er février à la suite des annonces du Premier ministre mais le mouvement des agriculteurs se poursuit afin de s’assurer que les engagements pris par le gouvernement se concrétisent. Ils se mobiliseront avec les préfets pour mettre en oeuvre toutes les mesures annoncées.

Benoit Nodin, secrétaire général de la FDSEA Ardèche, se dit prêt à reprendre les actions de mobilisation si le compte n’y est pas : « J’attends de voir les actions concrètes. Tout reste à faire et à démontrer. On a eu des avancées sur quelques sujets, avec par exemple des accompagnements de filières, notamment pour la viticulture, des mesures pour la compétitivité, avec des avancées sur le TO-DE devenu pérenne, mais aussi le passage de l’OFB sous l’autorité du préfet ce qui va permettre davantage de pédagogie. Les amendes perçues dans le cadre des contrôles de la loi Egalim reviendront au budget alloué à l’agriculture. Mais nous avons également de grosses attentes concernant l’eau, à voir si tous les services de l’État seront prêts à avancer sur ce sujet-là. Maintenant, nous entrons dans une phase de négociation pour faire évoluer les décrets, les réglementations avec les services de l’État ». Une rencontre entre les élus des syndicats agricoles avec la préfète de l’Ardèche, Sophie Elizéon, a eu lieu le mardi 6 février.

L’arboriculteur de Saint-Péray ne manque pas de souligner la mobilisation des agriculteurs : « Cela a permis de replacer l’agriculture au centre et de mettre l’État face à ses responsabilités. C’est un mouvement parti de la base, que la FNSEA, la FRSEA et la FDSEA ont rapidement emboîté. Cet évènement a permis de resserrer les rangs et de se rendre compte, que l’on est capable de se mobiliser. Je remercie vraiment tous ceux qui se sont mobilisés et qui nous ont fait confiance ». Nathalie Soboul, présidente de Jeunes agriculteurs Ardèche ajoute : « Les agriculteurs ardéchois ont participé pleinement à cette mobilisation historique en maintenant 3 jours et 2 nuits les points de Lanarce (Auberge de Peyrebeille) et le Pont de Serrières, en même temps que nous organisions d’autres blocages plus ponctuels à Viviers et Aubenas. Nos adhérents ardéchois étaient aussi
présents à Loriol tout au long de la semaine ou à Pierre-Bénite (Rhône) ». Christel Cesana, la présidente de la
FDSEA, souligne « la bonne tenue des mobilisations et leur caractère responsable. Nous avons été entendus par l’opinion publique, par les médias locaux, français. Notre force réside dans notre démarche collective. Nous représentons des productions très diversifiées, d’élevage et de productions végétales. Nous sommes liés par la volonté de nous en sortir et par la force de nos réseaux ». Jérôme Volle, vice-président de la FDSEA de l’Ardèche et de la FNSEA d’évoquer, quant à lui, la détermination des agriculteurs : « Cela a donné l’image d’une agriculture mobilisée pour construire, avec le sens de la responsabilité. Maintenant, ce que nous avons obtenu, il faut le mettre en preuve d’efficacité. Nous avons suspendu les mobilisations pour travailler sur le fond. Si d’ici le Salon international de l’agriculture, ce n’est pas le cas, les mobilisations reprendront ».

M. M.

Loriol 2
Une opération escargot a été organisée, mercredi 31 janvier. La circulation a été fortement perturbée sur les secteurs de Chamois, Saint-Péray, Soyons, avec une barrage filtrant au rond-point des Freydières puis du Pouzin jusqu'au péage de Loriol-sur-Drôme. ©DR
Aubenas
Une forte mobilisation était organisée, mardi 30 janvier, à Aubenas où près de 200 agriculteurs et une centaine de tracteurs ont occupé les rond-points de Millet et des Moulines. ©DR
Pradelles
Dès le début de la semaine dernière, des agriculteurs ardéchois ont rejoint le point de blocage organisé à Pradelles en Haute-Loire. ©FDSEA43
Olivier Amrane aux côtés des agriculteurs mobilisés
Le président du Département et son vice-président Christian Férroussier sont allés à la rencontre des agriculteurs présents sur le point de blocage organisé à Loriol-sur-Drôme. ©DR

Olivier Amrane aux côtés des agriculteurs mobilisés

Mardi 30 janvier, le président du Département Olivier Amrane accompagné de son vice-président Christian Férroussier sont allés à la rencontre des agriculteurs présents sur le point de blocage organisé à Loriol-sur-Drôme afin de leur manifester leur soutien. « On doit se battre pour ceux qui nous nourrissent », a-t-il déclaré dans un communiqué, fustigeant la superposition des normes et « une vision descendante de Paris ». Il a rappelé le soutien du conseil départemental au monde agricole et l'une des mesures phares votées en leur faveur concernant la création de 100 lacs collinaires en Ardèche d'ici 2026.

Remboursement du gazole non routier (GNR)

Conformément aux annonces du gouvernement, la campagne annuelle de remboursement partiel des taxes sur les carburants non routiers acquittées en 2023 s’est ouverte de manière anticipée le 1er février et permettra aux agriculteurs de bénéficier d’une avance de 50 % sur leur remboursement 2024. Les exploitants peuvent dès maintenant déposer leur demande sur le portail ChorusPro dans l'espace "DémaTIC", à l'adresse suivante : https://portail.chorus-pro.gouv.fr (rubrique "applications du domaine facturation", onglet "Remboursement de taxes"). Pour apporter un soutien immédiat de trésorerie, le gouvernement a décidé le versement d'une avance au titre de 2024, correspondant à 50% des sommes remboursées sur la base des achats réalisés en 2023. Cette avance, proposée automatiquement au moment du dépôt de la demande de remboursement, sera versée sans autre formalité de leur part sous un délai de 15 jours. Cette mesure représente un gain de trésorerie pour les agriculteurs de 200 millions d’euros dès février.