ÉLEVAGE
En Ardèche, les brebis font partie du paysage !

Mylène Coste
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Sur les terrains ardéchois difficiles, les brebis occupent une place centrale pour l’économie rurale et les paysages. Souvent associé à d’autres cultures, l’élevage ovin reste prégnant sur le département.

En Ardèche, les brebis font partie du paysage !
Les élevages ovins ardéchois sont rarement spécialisés et principalement basés sur des systèmes pastoraux.

De tout temps, les brebis ont foulé la garrigue ardéchoise. À travers les siècles, des Cévennes aux Boutières, l’élevage ovin s’est maintenu et, avec lui, la tradition pastorale et extensive. Ce système d’élevage, qui fait partie intégrante de la culture ardéchoise, est une manière de valoriser les nombreuses parcelles escarpées du département. Des zones de montagne, non mécanisables, où il est presque impossible de cultiver… Sans brebis pour pâturer, la forêt reprendrait vite du terrain. Il suffit d’observer l’évolution des paysages pour s’en apercevoir : alors que moins de 20 % du territoire ardéchois était boisé au début du XXe siècle, il l'est aujourd'hui à plus de 50 %. Le résultat d’une politique de reboisement, mais aussi d’une profonde déprise agricole dans les zones de montagne.

Le cheptel ardéchois à la première place

Malgré la déprise, quelques centaines d’éleveurs ovins résistent encore. D’après le recensement agricole de 2020, le cheptel ardéchois tient la première place dans le paysage ovin régional, avec plus de 79 000 bêtes, dont plus de 50 000 mères allaitantes. S’il semble progresser, l’élevage laitier reste très marginal (moins de 5%) avec 1 600 brebis et 28 éleveurs. Les brebis sont surtout élevées pour leur viande, avec près de 500 éleveurs, à la tête de petits élevages de 50 à 100 brebis en moyenne.

La plupart accompagnent leur activité d’autres productions, comme les petits fruits, les herbes aromatiques, la vigne et surtout les châtaignes ! Il faut dire que châtaigniers et brebis font souvent bon ménage. Alors que l’arbre se plaît à pousser en altitude, sur des zones de pentes, c’est aussi là que les brebis aiment aller trouver de quoi manger. Les châtaigniers offrent aux brebis des refuges et de quoi se régaler, et ces dernières nettoient le secteur et fertilisent la terre… Échange de bons procédés !

La tradition perdure

En Ardèche comme ailleurs, l’enjeu est désormais de maintenir la filière ovine. En l’espace de 10 ans (entre 2010 et 2020), l’Ardèche a perdu environ 300 éleveurs ovins et, parmi ceux qui restent, nombre d’entre eux vont aussi partir à la retraite dans les prochaines années. Alors que le monde du travail se transforme, que le climat affecte la végétation et que le loup gagne progressivement du terrain, les défis sont nombreux pour l’élevage ovin ardéchois. Pourtant cette filière, faite de passionnés, d’institutions engagées et de jeunes motivés, ne lâche rien pour faire perdurer cette tradition ancestrale essentielle au territoire.

P.D.-D.