PÂTURAGE
Pastoralisme : un système ancestral et essentiel

Mylène Coste
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Pâturage extensif, le pastoralisme a de tout temps été pratiqué par les éleveurs ardéchois. Malgré de nouveaux enjeux, ce système est une piste de réponses face aux défis à venir.

Pastoralisme : un système ancestral et essentiel
En Ardèche, la quasi-totalité des élevages pratique le pastoralisme.

Avec plus de 100 000 ha pâturés, l’Ardèche est un département pastoral par excellence ! Que ce soit en landes, en sous-bois ou sur les prairies d’altitude, la ressource fourragère pousse, un peu partout sur le territoire. Avec des ronces, des genêts, des glands, des feuilles ou encore de l’herbe, la quasi-totalité des élevages ardéchois nourrissent leur troupeau, toute ou une partie de l’année, grâce à ces pâturages. Que ce soit directement sur l’exploitation, ou en déplaçant les bêtes selon la saison, le pastoralisme revêt plusieurs intérêts. Économique, bien sûr – en limitant l’achat de nourriture – mais aussi agricole, grâce à la complémentarité de certaines activités – pâturage sous châtaigniers, dans les vignes, etc. Avec le pastoralisme, chaque ferme trouve finalement son propre équilibre, selon son organisation, son territoire, son climat, la taille de son troupeau ou ses races de moutons.

Une pratique d’utilité publique

Malgré ses avantages, le pastoralisme peine à se maintenir en France... Avec la baisse progressive des cheptels et la modernisation de l’agriculture, certains espaces ont été abandonnés au cours du XXe siècle. Sans entretien par les hommes ou les bêtes, la broussaille gagne du terrain et la ressource fourragère disparaît progressivement. Outre le manque à gagner pour les éleveurs, ce sont les territoires ruraux dans leur ensemble qui s’en retrouvent impactés. Car le pastoralisme n’est pas seulement une manière de conduire un élevage, c’est aussi une façon d’habiter des espaces de montagne où les activités économiques se font rares. Le pastoralisme s’inscrit dans une culture locale forte, héritée des générations précédentes…

Pour toutes ces raisons, une reconquête des espaces pastoraux est menée dans le pays. La loi pastorale de 1972 a notamment permis de créer des services dédiés au développement des espaces de pâturage en lien avec les propriétaires fonciers. Récemment, plusieurs collectivités ardéchoises ont notamment créé des Plans Pastoraux Territoriaux (PPT), financés par la Région et l’Europe, afin de rouvrir des espaces à destination des éleveurs.

Relocaliser l’alimentation et toute sa chaîne de production, être capable d’adapter l’agriculture aux aléas climatiques, préserver les paysages, se protéger des incendies… Face aux problématiques de notre temps, le pastoralisme redevient une pratique d’utilité publique pour le monde rural et la société dans son ensemble.

P.D.-D.