SAPINIÈRE
Des sapins de Noël produits dans la montagne ardéchoise
Simon Duchamp est producteur de sapins de Noël à Devesset. Il en vend plus de 16 000 chaque année, dans le quart sud-est de la France.
Une forme conique, des branches régulièrement réparties, une couleur verte homogène... Un beau sapin de Noël a des caractéristiques précises. Pour valoriser cet arbre de fête, les pépiniéristes doivent donc respecter ces standards. « À partir de 3 ou 4 ans, chaque année, on les taille, avec un sabre ou un sécateur, pour leur donner la forme du sapin de Noël traditionnel », détaille Simon Duchamp. À Devesset, ce producteur et sa femme cultivent des sapins de Nordmann (80 %) et des Épicéas (20 %) sur une surface de 30 ha.
Depuis 2011, le jeune homme a repris cette activité initiée par son père et l'a largement développé. « À terme, j'aurais 50 ha pour pouvoir établir un roulement de production sur 10 ans », explique-t-il. Car le sapin de Noël est une culture qui s'établit sur le temps long. Pour un arbre de 80 cm, il faut compter 4 ans de croissance en terre. Et il faut attendre près d'une décennie pour s'approcher des deux mètres. En sachant que lorsque le producteur plante ses sapins, ils ont déjà 4 ans. « Et parfois, je livre aux mairies des sapins qui font jusqu'à 8 m de hauteur... Ceux-là, je les ai toujours vus, ils ont 25 ans minimum ! » Raconte-t-il.
Au total, dans la sapinière de Simon Duchamp, 25 000 arbres sont renouvelés chaque année (dont 20 % seront finalement broyés faute de qualité suffisante). Pour ce qui est des plants, le producteur est particulièrement exigeant. « Au début, j'ai essayé de les faire moi-même, mais c'est encore un autre métier. Pour que le sapin soit joli, il faut de très jolis plants dès le départ », insiste-t-il. Après plusieurs essais en France, il se tourne finalement vers un pépiniériste spécialisé au Danemark, pour obtenir le volume suffisant et une qualité régulière.
Une production assez technique
À 1100 mètres d'altitude, les sapins de Simon Duchamp sont épargnés par la sécheresse. « Ce sont plutôt les jeunes arbres qui peuvent nous poser des soucis, la première année », témoigne le producteur. Cette année, les arbres plantés sur un terrain ombragé ont pu résister aux chaleurs, mais en 2022, c'était une autre histoire. Les arbres plantés sur le versant ensoleillé de la montagne ont parfois succombé. Une première dans le secteur. « Moi, j'ai la chance d'avoir un terrain quasiment d'un seul tenant avec bassin au milieu donc j'ai pu irriguer les jeunes plants, raconte-t-il. Et l'autre solution, c'est l'enherbement au pied des sapins pour retenir l'humidité et la fraîcheur. »
Depuis quelques années, Simon a même opté pour des intrants organiques à base d'humus qui permettent de nourrir le sol et de retenir l'humidité. « C'est une production assez technique, explique Simon Duchamp. Il faut mesurer le Ph dans le sol et le rétablir (autour de 5), notamment avec de l'apport de chaux magnésienne. » L'enherbement demande aussi un certain savoir-faire pour que les mauvaises herbes n'envahissent pas les arbres. Et là encore, Simon Duchamp tâche de limiter les intrants chimiques en passant pas une fauche mécanique. « Les outils sont proches de ceux utilisés pour la vigne », explique le pépiniériste.
Un attrait renouvelé pour le vrai sapin
Ces dernières années, Simon Duchamp observe un attrait renouvelé des consommateurs pour le "vrai" sapin de Noël. Notamment pendant le Covid où la demande de sapins synthétiques a chuté au profit des sapins naturels. De plus, les consommateurs se tournent davantage des sapins de grande taille. « En tout cas dans mon point de vente, les clients vont plus vers des grands sapins de 1m50 ou 2 m, alors qu'avant, on vendait davantage de petit sujet de 80 cm ou 1 m », témoigne encore le producteur. Autre changement de comportement, les achats de plus en plus précoces des sapins de Noël. « Donc on s'adapte à la demande, on les coupe un peu plus tôt en novembre, mais c'est au détriment de la qualité. Ça reste une plante coupée, si on installe le sapin dans la maison fin novembre, forcément, il ne sera pas joli à Noël ! »
Pauline De Deus
5,9 millions
C'est le nombre de sapins naturels achetés en France en 2021, contre 5,5 en 2011, d'après une étude Kantar. Les sapins naturels représentent 88 % de la consommation, contre 12 % pour les arbres artificiels.
Sapins naturels : un bilan carbone favorable
Alors que le sapin de Noël synthétique est exclusivement émetteur de carbone (notamment pour le transport, puisque les sapins de Noël synthétiques sont principalement fabriqués en Asie), lors de sa production, le sapin de Noël naturel absorbe du CO2. C'est d'ailleurs pendant les premières années que les captations de carbone sont les plus importantes. D'après une étude menée en 2022, à la demande de l'association danoise des producteurs de sapins de Noël, un sapin Nordmann aurait absorbé au total 0,6 kg de CO2 lorsqu'il arrive sur le point de vente en Europe. Une autre étude réalisée au Québec, en 2009, démontrait qu'il fallait garder son sapin de Noël synthétique 20 ans pour que son bilan carbone soit favorable. De plus, le sapin naturel est biodégradable, alors que le sapin plastique ne pourra pas disparaître.