FILIÈRE

Des défis à relever pour les agriculteurs multiplicateurs de semences

La campagne 2023 semble avoir redonné un peu de baume au cœur des agriculteurs multiplicateurs de semences après les difficultés traversées en 2022. « Globalement en récoltes de plein champ les résultats sont encourageants. Les conditions climatiques ont été plus favorables, notamment en ce qui concerne les restrictions d’irrigation. Sous abris, 2023 a également été une bonne année en Drôme et en Ardèche, notamment sur la qualité », a indiqué Géraud de Prémorel, président de l’entité qui regroupe depuis 2022 les syndicats d’agriculteurs multiplicateurs de semences (Sams) des deux départements.

Des résultats globalement satisfaisants

Des propos confirmés par les différents opérateurs présents dans la salle. Chez HM Clause par exemple, on souligne que la campagne de production sous abris « s’est bien déroulée », idem en maïs doux. Les germinations en cucurbitacées et oignons sont qualifiées de « très bonnes » par plusieurs opérateurs. Chez Gérin, société spécialisée en semences potagères, aromatiques et florales, on signale toutefois une année assez hétérogène sur la qualité, notamment avec des problèmes de mildiou. Un constat partagé par le représentant de la société Les semences de la Drôme, qui a insisté sur la nécessité de réagir tôt face au mildiou et d’être plus pointu sur cette question.

Du côté des oléagineux, l’Anamso¹ a qualifié 2023 « de bonne année », bien que les résultats puissent être disparates en fonction des dates de semis. Des soucis de qualité sont toutefois à signaler sur le soja (problèmes de germination). Pour 2024, l’Anamso indique que les surfaces en tournesol et soja semences devraient se maintenir dans la région, quant au colza il est encore trop tôt pour se prononcer. À noter, en dix ans la zone Sud-Est a reculé sur les semences d'oléagineux et ne représente plus que 27 % des surfaces nationales contre 54 % pour le Sud-Ouest.

Fort recul annoncé en maïs semence

Du côté du maïs et du sorgho, l’année 2023 a été satisfaisante selon le SPSMS² Rhône-Alpes. Mais, et c’est l’une des grosses inquiétudes pour les producteurs multiplicateurs de semences, l’année 2024 devrait être marquée par un fort recul sur les surfaces en maïs semence, de l’ordre de 30 % en moins sur la région. Un recul qui s’explique par une bonne campagne 2023, des stocks de semences bien remplis et, en face, une demande plutôt à la baisse.

Derrière cette baisse des surfaces en maïs sur la région, certains participants à l’assemblée générale ont aussi vu la conséquence de plusieurs années problématiques sur la disponibilité de la ressource en eau. Géraud de Prémorel a d’ailleurs insisté : « Pour les agriculteurs multiplicateurs de semences, les défis à relever sont effectivement celui du climat et de la gestion de l’eau mais aussi celui de la main-d’œuvre ». Plusieurs opérateurs reconnaissent qu’il sera nécessaire d’avancer sur la mécanisation des productions pour conserver des surfaces et de l’attractivité.

Nouvelle dynamique

D’où la nécessité, selon Géraud de Prémorel, d’impulser aussi une nouvelle dynamique au sein du  Sams 26-07, notamment via la station régionale Fnams d’Étoile-sur-Rhône. La Fnams, fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences, dispose en effet de sept stations expérimentales en France dont l’une est basée en Drôme. « Nous devons davantage nous impliquer auprès de la Fnams pour assurer l’avenir de cette station et faire coller les travaux d’expérimentation aux nouveaux besoins locaux comme les cucurbitacées, le maïs doux, les semences sous abri..., a souligné le président. C’est en proposant des rencontres sur ces thématiques que nous parviendrons à intéresser les jeunes qui s’installent. »

Sophie Sabot

<sup>1. Anamso : association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses.
2. SPSMS : syndicat des producteurs de semences de maïs et sorgho.</sup>