Dimanche 11 juin à Jaujac, près de 300 brebis sont parties de la Maison du PNR des Monts d’Ardèche pour rejoindre les pâturages du mont Lozère. Un départ célébré en grande pompe dans le cadre de la Fête de la transhumance, organisée par le syndicat départemental ovin (SDO).

L’élevage pastoral en fête !
En fin de journée, le cortège des brebis s'est élancé sur le chemin du mont Lozère où elles pourront profiter des prairies d'altitude durant tout l'été.

La Fête de la transhumance a réuni plus de 4 000 personnes sur le site de la Maison du Parc Naturel Régional (PNR) des Monts d’Ardèche à Jaujac. Et la pluie ne s’est pas invitée à la fête ! Durant toute la journée, de nombreuses animations étaient programmées pour faire découvrir l’univers de l’élevage ovin ardéchois : exposition de brebis avec les principales races élevées dans le département, démonstrations du travail des chiens de conduite auprès des brebis, de la tonte, du tri, cardage et filage de la laine, conférence sur le pastoralisme et la prédation, jeux éducatifs sur l’agriculture, jeux en bois, marché de producteurs et artisans… Les éleveurs du syndicat départemental ovin (SDO) et les nombreux bénévoles n’ont pas chômé pour faire de cet événement une grande journée festive à l’approche de l’été. « C’est l’occasion de mettre en avant notre filière et nos métiers », confie Alain Crozier, président du SDO.

Coup de projecteur sur la filière et le pastoralisme

Les enjeux de la filière ovine ardéchoise et du pastoralisme ont été mis en lumière, à commencer par « le maintien des élevages et des espaces de pâturages qui permettent de valoriser une production de qualité, de maintenir les milieux ouverts et une riche biodiversité », ajoute Alain Crozier. Les difficultés causées par la sécheresse et la prédation ont été évoqués elles aussi, notamment à travers une conférence où le public a pu échanger avec des éleveurs (voir ci-contre) après la diffusion d’un film de témoignages d’exploitants touchés par des attaques de loup. « Nous tenions à montrer la détresse que peut entrainer la prédation dans les élevages de brebis. Ce n’est pas un métier que l’on peut partager avec le loup en Ardèche », témoigne Mickaël Giraud, éleveur à Saint-Joseph-des-Bancs et président de la marque Agneau d’Ardèche.

« L’élevage et l’environnement s’enrichissent »

De nombreux élus, présents ce jour-là, ont souligné la qualité des systèmes d’élevage ovin ardéchois et « l’importance de partager cette force avec le public », a déclaré le préfet Thierry Devimeux. « Une filière qui a marqué le territoire, les cultures, les paysages. Un des rares animaux particulièrement adapté à entretenir les paysages, aux enjeux du réchauffement climatique, à la lutte contre les incendies ». Françoise Rieu-Fromentin, vice-présidente du syndicat mixte du PNR, d’ajouter : « Ici, l’élevage et l’environnement ne s’oppose pas et s’enrichissent ». Et « la filière ovine représente à elle seule l’importance de maintenir les élevages de pentes pour l’environnement », pour la présidente de la FDSEA, Christel Cesana. « Montrer ce que construit l’agriculture sur nos territoires », était au centre de cette Fête de la transhumance. « Une journée de plaisir après des moments difficiles de prédation », a rappelé Benoit Claret, président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche.

Estives

En fin de journée, un cortège de 300 brebis s’est élancé sur le chemin du mont Lozère où elles pourront profiter des prairies d’altitude durant tout l’été. Plusieurs dizaines de marcheurs les ont accompagné au départ du sentier. Quant au massif du Tanargue, il accueillera cette semaine plus de 1 200 brebis issues d’une quinzaine d’élevages, l’une des seules estives collectives du département.

A.L.

Échanger sur la complexité entre agriculture et prédation

Échanger sur la complexité entre agriculture et prédation

En début d’après-midi, un temps d'échanges sur le pastoralisme et la prédation était organisé avec Alain Crozier, président du syndicat départemental ovin (SDO), et Mickaël Giraud, président de la marque Agneau d’Ardèche. En préambule, un court film de témoignages d’éleveurs touchés de plein fouet par les attaques de loup a été diffusé, intitulé « Éleveurs : les morsures invisibles » et réalisé par la MSA Ardèche Drôme Loire. L’occasion pour le public de mieux comprendre l'impact de la prédation sur le quotidien des éleveurs et leurs pratiques pastorales, de distinguer les modes de garde des troupeaux existants dans les Alpes à ceux des brebis ardéchoises. « L’idée n’est pas de faire polémique mais d’expliquer nos métiers et la complexité entre agriculture et prédation. Nous trouvons des subtilités pour se protéger mais un loup arrive toujours à ses fins. Aujourd’hui, la prédation remet en cause tout notre système économique agricole qui nous permet de valoriser une production de qualité », traduit Mickaël Giraud. « Un système agricole pastoral lié à l’ouverture du milieu, l’entretien du territoire, la biodiversité, le dynamisme des villages », a-t-il ajouté. Les échanges avec le public ont été nombreux. Ils ont porté sur les caractéristiques de la filière ovine ardéchoise, sur les moyens de protection des brebis contre le loup, sur les patous et la cohabitation avec les usagers notamment.