AGROFORESTERIES
Une douzaine d’exploitations ardéchoises accompagnées

La chambre d’agriculture et la fédération départementale des chasseurs (FDC) accompagnent les exploitants sur la plantation de haies. Cette année, la commande collective de plants a pu être réalisée avec une pépinière locale spécialisée dans la production de plants d’arbres et d’arbustes champêtres.

Une douzaine d’exploitations ardéchoises accompagnées
La pépinière « Les Cotylédons » (Vernoux-en-Vivarais), de Jérôme Lourd et Mélanie Richard, est l’une des premières pépinières ardéchoises spécialisées, pour les arbres et arbustes, dans des essences champêtres non fruitières et en racines nues.

Les plantations de haies connaissent un regain d’intérêt, soutenues par diverses aides publiques. Elles présentent des atouts pour la résilience des écosystèmes agricoles mais les problématiques liées à l’adaptation d’essences importées encouragent à la plantation d’essences champêtres locales.

La dernière saison de plantations de haies organisées dans le cadre du plan de relance est réalisée cet automne et cet hiver. « Pour la première fois, la chambre d’agriculture et la FDC ont pu organiser une commande collective de plants avec une nouvelle pépinière locale », explique Nicolas Beillon, animateur-accompagnateur de projets biodiversité et agroforesterie à la chambre d’agriculture. Cette pépinière (« Les Cotylédons »), située à Vernoux-en-Vivarais, a été mise en place en janvier dernier par Jérôme Lourd et Mélanie Richard, déjà installés en horticulture et castanéiculture. Sa particularité est d’être une pépinière spécialisée, pour les arbres et arbustes, dans des essences champêtres non fruitières et en racines nues ! Elle est labellisée « Végétal Local », qui garantit une production basée sur la collecte et la mise en culture de graines locales (voir ci-contre). « L’objectif est de favoriser un brassage génétique de végétaux riches en gènes résistants et adaptés au milieu où ils seront mis en terre », explique Jérôme Lourd, qui projette de produire entre 8 000 et 10 000 plants annuellement pour l’Ardèche et la Drôme. « Il y a beaucoup de choses qu’on ne connaît pas sur ces essences sauvages et locales. Ce label permet aussi de mettre en commun les connaissances des pépiniéristes sur leur efficacité, leur reproduction, etc. »

Cette année, Les Cotylédons a répondu à la commande collective d'une douzaine d'exploitations agricoles ardéchoises, grâce à une première production de 2 500 plants et en faisant appel à des pépinières partenaires de la région, dont l’une est située dans la Drôme.

Début décembre, les plants ont pu être réceptionnés par les exploitants ardéchois, directement sur place à Vernoux, et sur les secteurs Nord et Sud Ardèche où ils ont été rapprochés par des techniciens de la chambre et de la FDC. Il s’agit principalement d’essences locales. Les chantiers de plantation s'échelonneront jusqu'en février et mars.

Les prochains appuis techniques débutent en janvier

Pour les prochains projets de plantation d'arbres et arbustes champêtres, les appuis techniques proposés par la chambre et la FDC vont commencer en janvier et février prochains. Ils débutent avec des formations collectives spécifiques – auxquelles les exploitants peuvent d’ores et déjà s’inscrire – et se poursuivent par du conseil individuel pour la conception des haies et autres aménagements agroforestiers, informe Nicolas Beillon. Les futures commandes collectives intégreront deux autres pépinières ardéchoises. L’une d’entre elles est en cours d'installation à Saint-Andéol-de-Vals. La seconde, « L’Arbre local », est installée à Saint-Georges-les-Bains depuis janvier 2023 (voir ci-contre).

« Ces futures plantations agroforestières, prévues à partir de l'automne 2024, devraient être financées principalement par les nouvelles aides publiques de la mesure régionale du Feader et/ou du Pacte national en faveur de la haie », ajoute Nicolas Beillon. Les porteurs de projet de plantation agroforestière sont invités au préalable à répondre à un questionnaire en ligne1, accessible notamment sur le site Internet de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, afin d’évaluer leurs demandes et les prendre en compte. Les exploitants étant accompagnés pour choisir les espèces champêtres les mieux adaptées à leurs besoins et à leurs contextes pédo-climatiques, ainsi que pour le financement de leurs projets agroforestiers. Pour l’heure, près de 200 agriculteurs ardéchois auraient émis le souhait de planter des haies, des bosquets ou des alignements d’arbres champêtres en 2024/2025.

A.L.

1. https://forms.office.com/e/Ns5gQk2ysZ

PÉPINIÈRES

« C’est une filière nouvelle qui a besoin de visibilité »

Les essences locales et sauvages de végétaux utilisés pour la plantation de haies sont de plus en plus valorisées par les jeunes pépiniéristes. 

Pour Arij Ben Amara, ingénieure en automobile et doctorante en énergie et environnement, qui s’est reconvertie dans le secteur de la pépinière, recréer une chaîne de valeur complète de proximité, de la collecte des semences jusqu’à la mise en culture et l’élevage de végétaux, était primordial dans son projet d’installation. « Les essences locales et sauvages sont plus bénéfiques pour la résilience des écosystèmes. C’est une filière nouvelle, qui a besoin de visibilité face à la mouvance de replantation de haies », explique la jeune femme, installée depuis janvier 2023 à la tête de la pépinière « L’Arbre Local » à Saint-Georges-Les-Bains. « Ce type de plantation peut avoir un impact pour améliorer la qualité des sols, limiter l’érosion, abriter une biodiversité et contribuer à la fertilisation des plantations, du fourrage, des parcelles d’élevages, etc. » Cette année, elle a produit près de 4 000 plants sous la marque Végétal Local et disposera d’une capacité de production de 12 000 plants d’ici 2026. « Nous travaillons pour des projets de commandes d’agriculteurs situés sur le bassin Rhône Saône Jura puis en descendant jusqu’en Méditerranée, grâce à deux zones de cultures adaptées à ces territoires. » En 2024, elle participera aux commandes collectives des exploitants ardéchois organisées avec la chambre et la FDC. « C’est un projet multipartenarial qui s’appuie sur les compétences de la production, du conseil en agroforesterie, des chantiers de plantation, de l’entretien… », poursuit la jeune pépiniériste de Saint-Georges-les-Bains. « Il peut se créer certaines complémentarités d’arbres et arbustes champêtres avec les cultures et les élevages en place. À l’inverse, certaines essences sont à proscrire. » D’où l’intérêt de se former et d’être soutenu techniquement avant de se lancer dans un chantier de plantation !

A.L.