VIANDE CAPRINE
« Il y a une part éthique dans la consommation de chevreaux »

Avancée sur le travail autour de la viande caprine, la région Auvergne Rhône Alpes va aussi être la première à lancer son Plan de filière chevreaux en 2023 pour une durée de 5 ans. Explication avec Léna Orhant, chargée de la mise en place de ce plan régional.

« Il y a une part éthique dans la consommation de chevreaux »
Léna Orhant, chargée de mission à Interbev Aura, pour le Plan de filière chevreaux.

Pourquoi un plan régional était-il nécessaire ? 

Léna Orhant : « Depuis une dizaine d’années, des éleveurs et structures départementales travaillent sur la viande caprine. Mais avec le confinement, il y a eu une vraie remise en question avec la baisse des ventes en période pascale. Sans collecte par les engraisseurs, les éleveurs se sont retrouvés coincés avec leurs chevreaux. Aujourd’hui la filière est fragile car très dépendante des circuits longs et des exportations… Avec ce plan, l’idée est donc de diversifier les possibilités d’engraissement et les débouchés, car les opportunités de marché sont là ! Maintenant, il faut réussir à les saisir. Par exemple, beaucoup de bouchers nous disent que les chevreaux légers ne sont pas rentables pour eux, mais les engraisseurs ne veulent pas prendre le risque de proposer des chevreaux plus lourds tant qu’ils n’ont pas d’assurance de débouchés. »

Comment comptez-vous résoudre ce paradoxe ? 

L. O. : « On a constitué un comité de pilotage avec différents acteurs de la filière. Ce qui en ressort, c’est qu’il faut notamment encourager l’engraissement dans les élevages laitiers et fromagers, avec des conseils pour l’engraissement mais aussi des aides pour investir dans des louves -. Ensuite, il sera nécessaire de structurer la mise en marché, avec par exemple un regroupement de l’offre des éleveurs qui permettrait aux bouchers et restaurateurs d’avoir un interlocuteur unique pour se fournir en viande de chevreau de qualité, en quantité, et sur une période plus large que les pics de consommation traditionnels (Noël et Pâques). » 

Quelle va être la stratégie en matière de communication ? 

L. O. : « D’un côté, il nous faut sensibiliser les métiers de bouche pour avoir des relais commerciaux, en proposant, par exemple, de travailler autour de la viande de chevreau dès la formation, comme ça se fait au lycée hôtelier de Largentière. Un autre axe essentiel est aussi d’éduquer les consommateurs qui souvent ne font pas le lien entre production laitière et production de viande. Pour ça, la vente à la ferme est un outil précieux. Outre la méconnaissance, il y a d’autres freins à la consommation : ce sont des petits de quelques mois et le chevreau est une viande onéreuse. Mais aujourd’hui, ils se vendent sur le marché étranger où le prix est dévalorisé… Il y a une part éthique importante dans la consommation de chevreaux en France. C’est aussi une viande tendre et goûteuse qui représente notre terroir. »

Recueillis par P.D.D.

Faites-vous connaître !

Les éleveurs, engraissant déjà leurs chevreaux ou en réflexion, et qui voudraient se regrouper pour participer à la structuration de la filière sont invités à contacter Léna Orhant à l’association interprofessionnelle du bétail et des viandes, par mail : [email protected]

Le chiffre : 90 %

C'est la part des chevreaux (hors reproducteurs) nés dans la région, collectés par des engraisseurs et écoulés en filière longue, dont 60 % vendus à l’export. Il s'agit pour la plupart de chevreaux légers, engraissés entre 4 et 6 semaines.