ENSEIGNEMENT AGRICOLE
Davantage de mixité malgré des parcours distincts

Mylène Coste
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Aujourd’hui, près de la moitié des élèves dans l’enseignement agricole sont des filles. Existe-t-il toutefois des différences de parcours et d’orientation entre filles et garçons ? Nous avons posé la question aux chefs d’établissements drôme-ardéchois.

Davantage de mixité malgré des parcours distincts
Dans l'enseignement agricole, les filles sont peu nombreuses en bac pro et BTS, mais majoritaires dans les formations supérieures comme les cursus d'ingénieurs agronomes ou de vétérinaires.

Si l’enseignement agricole s’est véritablement féminisé au fil du temps, la présence des filles varie selon les niveaux et les filières. Dans le secondaire, ces dernières sont notamment majoritaires dans les services aux personnes, premier secteur de l’enseignement agricole : « Elles représentent 80 % des effectifs de notre Bac pro Services aux personnes et aux territoires », souligne Guillaume Brillanceau, directeur du lycée agricole Olivier de Serres d’Aubenas.

Le choix des filières marqué par le poids du genre

Au niveau national, on compte 90 %1 de filles dans la filière Services aux personnes et aux territoires, 34 % dans la filière conduite et gestion de l'entreprise agricole, et 1 % seulement dans la filière Agroéquipements. Au lycée agricole d’Aubenas, les choses sont un peu différentes : « Notre Bac pro CGEA compte près de 50 % de filles, qui ont un réel attrait pour l’élevage, insiste Guillaume Brillanceau. Certaines d’entre elles s’inscrivent avec un projet de soigneur animalier (équin, canin). Mais, une fois au contact des ruminants à la ferme caprine du Pradel, elles se tournent vers l’élevage caprin, ovin et même bovin. »

Dans l’enseignement technologique agricole, on observe une quasi-parité entre filles et garçons. C’est le cas pour le Bac technologique Production agricole du lycée agricole du Valentin (Bourg-lès-Valence), dans lequel « on compte 28 filles et 30 garçons », affiche Maurice Chalayer, son proviseur.

Dans les formations de niveau III (BTS, DUT), les filles représentent 38% des effectifs Chez Vivarais Formation, à Tournon, on constate toutefois de grandes différences selon les filières : « Notre BTS Technico-commercial vins et spiritueux est à quasi-parité. En revanche, notre BTS Analyse conduite et stratégie de l'entreprise agricole (Acse) compte une majorité de garçons. Le BTS viti-oeno compte 3 filles pour 10 garçons, des chiffres qui n’ont guère évolué depuis les années 1990 et qui tiennent sans doute à une plus grande frilosité des filles vis-à-vis des travaux en extérieur et de la manutention, signale Laurence Gamonet, sa directrice. Pour autant, les filles n’ont aucun mal à trouver des maîtres d’apprentissage et sur ce point, les choses ont évolué dans le bon sens. »

Les choses sont différentes au lycée Olivier de Serres : « Le BTSA Acse compte la moitié de femmes, voire plus, indique Guillaume Brillanceau. Les débouchés sont larges : outre la conduite d’exploitation, ils peuvent aussi mener vers des métiers de conseil en banque ou assurance. Il observe également : Pour les élèves qui ont un projet d’installation en élevage, on se rend compte que les filles s’intéressent davantage que les garçons à la transformation, tandis que ces derniers sont davantage tournés vers la gestion des cultures fourragères. »

Les femmes sont aussi de plus en plus présentes dans les filières de production végétale. Conduite de tracteurs et machinisme sont de moins en moins des freins à leur intégration dans ces filières. « Notre BTSA Agronomie - productions végétales compte 20 filles pour 23 garçons », souligne Maurice Chalayer du Valentin.

Les femmes très présentes dans les niveaux supérieurs

Les femmes sont davantage représentées dans les niveaux supérieurs : elles sont 66 % dans les écoles publiques d’ingénieurs, et jusqu’à 74 % dans les écoles vétérinaires. « Notre classe préparatoire aux écoles vétérinaires et d'agronomie accueille cette année 20 filles et seulement 9 garçons, avec un attrait important de celles-ci pour les études vétérinaires », témoigne Maurice Chalayer du Valentin.

1. D’après les données de la DGER du ministère de l'Agriculture.

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