DRÔME
"Le loup s’installe en zone de plaine"

Propos recueillis par Christophe Ledoux
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La Drôme concentre elle-aussi un niveau très élevé d’attaques de loups. Trois ont été prélevés depuis le début de l'année. Le point avec Fabien Candy, technicien pastoral à l’association départementale d’économie montagnarde (Adem) de la Drôme.

"Le loup s’installe en zone de plaine"
« la situation vécue en Drôme depuis le début de l’année est absolument inédite », observe Fabien Candy, technicien pastoral à l’Adem.

La courbe des suspicions d’attaques de loups en Drôme n’a jamais été aussi élevée. Comment peut-on expliquer cette situation ?

Fabien Candy : « Depuis le début de l’année, les attaques de loups se concentrent sur la bordure ouest du Vercors, un territoire qui va de Crest aux Monts du Matin. C’est un secteur nouveau où les troupeaux restent à l’extérieur toute l’année et sur lequel les surfaces pastorales sont enclavées au milieu de parcelles cultivées. Un éleveur sur deux n’est pas connu de nos services et certains d’entre eux ne sont d’ailleurs pas des professionnels. Sur ce territoire en front de colonisation où les moyens de protection ne sont pas généralisés comme dans les secteurs historiquement prédatés, les loups font des carnages, avec parfois un nombre conséquent de victimes, parfois quinze ou vingt ! »

Pourquoi cela arrive-t-il cette année ?

F. C. : « Je ne suis sûr de rien et je préfère rester prudent. Ce qui est sûr, c’est que le nombre de meutes n’a jamais été aussi important et que les observations de loups ne sont plus rares. L’an dernier, après une opération de hurlements provoqués organisée fin août, au moins quatre meutes avaient été identifiées sur cette bordure ouest du Vercors, contre une seule connue précédemment. Et l’on sait que sur les fronts de colonisation, les attaques de loups augmentent systématiquement. Un autre secteur, celui de Marsanne - Pierrelatte, a lui aussi subi un nombre important d’attaques fin 2021 et début 2022. »

Cela signifie-t-il que le loup quitte les zones pastorales traditionnelles ?

F. C. : « Des meutes de loups quittent la montagne pour s’installer en zone de plaine, ce qui engendre des dynamiques de prédation nouvelles. Mais cela ne signifie pas que le loup disparaît des zones pastorales traditionnelles. Avec un tel niveau d’attaques si tôt dans la saison, on peut penser que lorsque les troupeaux seront en estive la prédation sera à nouveau conséquente. En tous cas, la situation vécue en Drôme depuis le début de l’année est absolument inédite. Jamais on n’avait observé pareil bond sur les courbes de Maploup et de façon générale dans l’évolution croissante de la prédation en Drôme. »

Propos recueillis par Christophe Ledoux